Ramène un dessert, on s’occupe du repas !
A 12h : Cantine sur les tables !
À 14h : Conférence de presse pour défendre la plaine, notre quartier et nos tables.
À partir de 16h : Du foot, de la pétanque, de la musique... ramène tes boules, tes ballons, tes copains !
À 18h : Apéro partagé !
Nous sommes en 2016. Dans la chaleur de mai notre ville cosmopolite bourgeonne, les prix se chamaillent au plus bas, portés par les voix de nos forains et les échoppes surabondent.
Mais ça ne suffit pas. Ca ne suffit pas à la mairie qui craint que les touristes n’accordent que leur coeur à notre quartier, plutôt que leurs porte-feuilles et leurs boutons d’or. Avec un bagoût rhétorique, une mauvaise foi sans précédent, et un budget de quelques onze millions d’euros, les dirigeants de Marseille et la Soléam entendent rompre les coutumes et transformer notre place aux magnolias en une version verticale des terrasses du port.
Notre place d’où s’envolèrent jadis (en 1886) dans leur ballon Alphonse Fondère et Louis Capazza vers la Corse. Notre place sur laquelle se tient, depuis 1892, son marché maraicher le plus populaire. Où les minots s’échangent le ballon, où les moins jeunes palabrent et s’enivrent, où les anciens contemplent. Comme si le consumérisme et la spéculation immobilière n’avaient pas déjà assez à faire avec la rue de la République, la Joliette et bientôt la porte d’Aix. Comme si les allures étranges et bariolées de nos habitants irritaient les muqueuses de messieurs Chenoz et Gaudin. Comme si, nous laisser vivre, c’était trop demander.
Pourtant nos aspirations sont simples : de l’éclairage public, une fontaine d’eau fraîche quifonctionne, pour éponger notre soif sous le soleil insolent, et peut-être même des toilettes publiques lorsque cette soif est rassasiée. Et puis... une table ou deux pourquoi pas ?
Tables que nous nous sommes déjà chargés de construire cet hiver, et tables que, fautives d’avoir poussé sans autorisation, la mairie s’est chargée de détruire manu militari à renfort de quelques soixante-dix policiers, de tronçonneuses et de lacrymogènes. Tables qui, comme de vilaines mauvaises herbes, sont revenues habiter le square samedi 30 avril, invitant plus de 2000 personnes à repenser, réinvestir notre quartier.
Des tables pour discuter, grignoter, rigoler, partager quoi. Des bancs pour se reposer. Des cages de foot pour jouer. Des plantes, de l’affichage public et un figuier autour desquels se réunir. A qui, depuis leur reconstruction festive, les gens n’ont de cesse de sourire. De menues constructions populaires qui ne sont pas plus qu’un bel affront à la diplomatie des soidisant professionnels de la concertation.
Allons-nous leur abandonner cet espace de vie imaginé, porté et soutenu par un nombre grandissant, celui là même qui ne leur appartient pas ? Nous ne voulons pas d’un projet abasourdissant de restructuration, nous ne voulons pas faire table rase de notre Plaine, nous voulons notre table pleine, peu chère, et qu’elle continue de déborder.