Salut salut,
en tant que Legal Team de Marseille (LT), on voulait clarifier quelques points qui ont demandé plus de précisions ces dernières semaines.
On écrit ce texte car la confiance entre toustes est hyper importante, qu’il faut qu’elle persiste et qu’on pense que c’est grâce à elle que la solidarité peut subsister et grandir. On veut être transparentEs vis à vis des gens qui passent par la LT, mais aussi toutes les personnes qui la soutiennent en organisant ou participant à des caisses de soutien. C’est important afin qu’elles sachent à quoi elles contribuent et y voient plus clair dans notre ligne politique.
On aimerait aussi dire qu’on ne veut / peut pas être sur tous les plans de la lutte contre la répression à Marseille, qu’on agit sur plusieurs facettes explicitées ici, mais qu’il y a plein d’autres trucs à faire sur lesquelles on a peu ou pas forcément d’énergie dispo, et aussi plein de trucs auxquels on ne pense sûrement même pas.
Si vous avez envie de lancer des dynamiques c’est trop chouette, et on est là quand même si vous avez besoin de soutien, de relais, de conseils ou autres !
1-NOTRE FONCTIONNEMENT
QUI ON EST ?
On est un petit groupe de personnes essayant de se mobiliser contre la répression. On fonctionne surtout autour d’un téléphone, qu’il est possible d’appeler pour toute question en lien avec la justice, la police, la répression.
On lutte contre l’isolement que crée la répression, et on essaie de créer du lien avec des avocatEs pour pouvoir permettre au plus de monde possible de se défendre face à la justice. On suit l’actualité de la répression, on analyse l’évolution des pratiques policières et on adapte nos conseils en fonction.
On essaie de donner des formations, de tracter, d’animer des soirées de soutien, etc.
POUR NOUS CONTACTER : 07 53 05 25 30
Le numéro est public et potentiellement sur écoute : on vous conseille donc de privilégier quand c’est possible l’application SIGNAL pour tout appel ou message, ou mieux, la rencontre en personne.
Nous contacter par mail est aussi recommandé pour nous envoyer des informations personnelles, des documents, des photos/vidéos. Ceci à l’adresse suivante : legalteam-marseille[@]riseup.net.
Si ce n’est pas possible, on peut s’appeler en clair mais bien faire attention à ne pas donner trop d’informations sensibles au téléphone et préférer une rencontre en personne !
THUNES
Solliciter unE avocatE en lien avec la LT pour une GAV, puis un déferrement devant le procureur, puis la défense lors d’une comparution immédiate revient à 1000€ à peu près. À part pour les GAV et le déferrement, il est parfois possible de solliciter l’Aide Juridicitionnelle, que les avocatEs travaillant avec la LT acceptent. Dans les faits, on ne paye donc souvent que la garde-à-vue et le déferrement (entre 350 et 500 euros).
L’argent que l’on récolte lors d’évènements en soutien à la Légal Team sert donc surtout à soutenir les personnes subissant ces procédures, et aussi, à la marge, pour le fonctionnement de notre organisation (tract, matos, etc.).
On a dû dépenser beaucoup en frais de justice depuis le mois de mars mais on tient le coup grâce à celleux qui organisent des évènements de soutien, Gros gros gros merci à toustes !!
SUR NOTRE "RECRUTEMENT"
En ce moment on a eu pas mal de propositions d’aide ou de rejoindre le collectif, c’est très enthousiasmant et on vous remercie pour ça !
Cependant, on communique entre nous des informations personnelles et sensibles donc la confiance est primordiale dans notre organisation.
C’est pourquoi on préfère prioriser des personnes avec qui on a déjà un lien de confiance. On est conscientE que ça pose des limites en terme de qui accède au groupe, de rester dans le même cercle de militantEs, mais on n’a pas trop d’autres solutions actuellement pour allier confiance et ouverture !
Cependant, il est toujours possible de soutenir en diffusant et tractant des textes de la LT et/ou en organisant des soirées de soutien (ou autres !).
LES AVOCATES
On est en lien avec des avocatEs plutôt engagéEs (sur des questions de luttes sociales ou antiracistes notamment), mais qui interviennent dans un cadre marchand : nous leur fournissons des "clients" et souvent, les payons (grâce aux soirées de soutien), même si c’est via un tarif discuté. C’est donc un fait que l’argent de la LT alimente le système judiciaire, ce qui est une sorte de "moindre mal" mais pas du tout l’idéal de ce qu’on voudrait politiquement.
Il y a eu depuis le début du mouvement social contre la réforme des retraites quelques retours négatifs sur des postures et des conseils d’avocatEs travaillant avec la LT. Notamment sur l’incitation à parler en GAV pour alléger son dossier, ou encore lors de procès où les défenses étaient individualistes (alors que plusieurs personnes étaient jugées pour des faits similaires), ce qui a isolé et joué à la défaveur des personnes qui collaient le moins avec cette justice bourgeoise, raciste et méritocrate.
Nous avons donc fait part de ces retours aux avocatEs, et avons essayé de démêler ensemble ce qui relève d’une stratégie d’adaptation à leur réalité (volonté de la personne défendue, personnalité du ou de la juge en présence et de ses réactions aux défenses politiques, etc), et ce qui relève d’automatismes qu’il était important de remettre en cause. Nous espérons ce travail constructif et continuons à collecter tout retour concernant leurs interventions.
Ces avocatEs ont été contactéEs progressivement, après que nous les ayons vuEs en audience de comparution immédiate lorsque leur défense nous semblait OK sur des questions de non dissociations envers d’autres inculpés, non stigmatisante ou/et ne jouant pas le jeu de la justice de classe. On les a aussi préalablement rencontréEs et on s’est (normalement) assuré qu’on avait une base de ligne politique commune et des pratiques sur lesquelles on s’accordait. Évidemment c’est pas forcément une garantie que tout va super bien se passer mais ça permet de limiter les dégâts en GAV notamment.
NOS PRINCIPAUX CHAMP D’ACTION LORS D’INTERPELLATIONS
- EN GAV
Quand une personne est en GAV, on essaie au maximum de lui fournir unE des avocatEs avec qui on bosse (choisiE en fonction de sa disponibilité), mais malheureusement c’est pas toujours possible quand il y a plusieurs interpellations ou quand celleux-ci ne sont pas disponibles.
Notre but c’est aussi de réunir au plus vite les Garanties de Représentation (GR, si tu ne sais pas ce que c’est tu peux aller voir sur notre blog) qu’on transmet à l’avocatE et qui servent à éviter une détention provisoire en attendant le procès.
Les avocats n’ont pas accès au dossier à ce stade, leur intervention consiste donc surtout en du soutien moral, des conseil de précaution (comme garder le silence), et de faire le lien avec l’extérieur. En cas de violences policières notamment, les avocatEs peuvent être utiles pour documenter et créer un rapport de force favorable à la personne.
On aimerait faire davantage de prévention pour que tout le monde soit à l’aise avec ses droits en GAV, préparé à la potentielle pression des flics, etc. Ca nous rendrait aussi moins dépendantEs de l’intervention des avocatEs dès le stade de la GAV.
- APRÈS LA GAV
Lorsqu’une personne ressort avec une date de procès, on essaie de lui proposer de se rencontrer, pour débriefer, la soutenir si des besoins particuliers se font sentir, pour voir quelle défense elle envisage, etc.
On propose aux personnes un accompagnement dans la préparation de procès, lors des rdv avec leur avocatE. Mais nous n’avons pas l’énergie d’éplucher chaque dossier. Par contre on encourage et on remercie beaucoup les personnes qui continuent de se réunir pour aider à la préparation de procès ! C’est un travail super utile et précieux. Un autre groupe est en train de se constituer dans cet objectif de s’emparer collectivement des défenses (pas encore de contact du groupe, contacte nous si ça t’intéresse).
On soutient aussi grandement des dynamiques comme le groupe de soin psychologique et émotionnel post-répression actuellement en création qui nous semble essentiel ! (pas encore de contact du groupe, contacte nous si ça t’intéresse).
2 NOS LIGNES POLITIQUES
LE DROIT AU SILENCE
On pense vraiment qu’il est préférable de garder le silence dans quasiment toutes les situations de garde à vue, parce qu’on peut donner des billes au keufs sans s’en rendre compte, qui se retourneront contre nous ou contre d’autres.
C’est aussi un bon moyen de faire chier les keufs, et d’entraver le plus possible leur travail.
C’est pourquoi on le répète dans nos tracts, en GAV : "JE N’AI RIEN À DÉCLARER".
Et même si parfois les avocatEs vous disent le contraire, rappelez-vous que c’est vous qui décidez de votre stratégie. Même quand on pense qu’on ne risque rien et qu’on a tout à gagner à parler, on a parfois des mauvaises surprises.
IDENTITÉ
La LT de Paris déconseille la stratégie de l’identité imaginaire ou de non déclinaison (X). Au vu du contexte marseillais nous ne sommes pas tout à fait alignéEs sur cette posture sans pourtant pouvoir conseiller d’essayer ces stratégies : les retours d’expériences attestent de grandes pressions et de risques importants concernant la détention provisoire. La faille est petite et les enjeux importants.
Cependant, c’est une stratégie qui peut marcher, encore mieux collectivement.
LA SIGNALÉTIQUE
Refuser la signalétique (prise d’empreintes et de photos) et la prise d’ADN c’est s’exposer à des peines de prisons et d’amendes. Néanmoins on préfère conseiller de la refuser, d’autant plus que dans la pratique les peines se réduisent souvent à des amendes.
D’abord pour ne pas faciliter le travail des keufs, parce qu’on est contre l’idée de fichage des individus, et que le fichage se retourne toujours contre nous toustes.
LA PLAINTE
Porter plainte, ça peut être soulageant et nécessaire pour certainEs, inenvisageable pour d’autres. Peut être qu’inonder le parquet de dépôts de plaintes contre les keufs peut être un moyen de les visibiliser et de les prendre plus en compte. Cependant on sait que le parcours de la plainte est difficile.il y a plein d’autres trucs à faire sur lesquelles on a peu ou pas forcément d’énergie dispo, et aussi plein de trucs auxquels on ne pense sûrement même pas. C’est un parcours violent de plus face à la justice, dans lequel peu de place, de considération et encore moins de soin seront apportés à la personne portant plainte. Cela peut en plus comporter des risques de se retrouver ensuite avec une plainte d’un keuf sur le dos en retour, s’il n’y en a pas déjà.
On laisse bien évidemment le choix aux personnes concernées de savoir si elle veulent porter plainte ou non en essayant de les éclairer sur les options, mais de notre côté on attend rien de la justice, et on est contre le système punitif.
On a eu des échos de situations ou des personnes se sont senties poussées à porter plainte par des avocatEs intervenant pour la LT : on est vraiment désolé de ce fait qui ne reflète pas du tout de notre volonté. On communique régulièrement avec les avocatEs et on leur fait part de ces retours.
SUR LE SYSTÈME PUNITIF / CARCÉRAL
On travaille avec des avocatEs parce qu’on pense que c’est un moyen (pour le moment) nécessaire pour pouvoir permettre à tousTEs de se défendre (plus ou moins) efficacement face à la justice.
Cependant ça ne veut pas dire qu’on croit en ce système, encore moins qu’on y adhère. Cette justice, on l’a déjà dit, elle est classiste, raciste et punitive.
On essaie juste d’avoir le sort le moins pire possible entre ses mains, et de contribuer à ne pas enfoncer d’autres inculpéEs.
On est contre le système carcéral, ni pour les militantEs, ni pour quiconque !
Legal Team Marseille
Collectif d’autodéfense face à la répression
Tél d’urgence arrestation : 07.53.05.25.30
Mail : legalteam-marseille@riseup.net
Site : legalteammarseille.noblogs.org
Membre du Réseau d’Autodéfense Juridique Collective (RAJCOL)
Site du RAJCOL : https://rajcollective.noblogs.org/