De la nécessité d’en finir avec la naïveté sur les violences policières

Par les temps qui courent, ils, (nous ?) sont (sommes ?) nombreux-euses, à partir en manif, sauvage ou non, les mains dans les poches, et à les lever vers le ciel à la première matraque taché de sang, comme si un-e journaliste-ange allait vite alerter une divine opinion publique, qui saura, elle, parler d’une voix forte auprès des responsables, pour que s’arrête le "dysfonctionnement" des violences policières ... On arrête quand le délire ?

Une Violence industrielle et rationnelle : Celle de l’État.

Voilà bientôt 1 mois que partout en France, les mouvements contre la loi Travail et son monde montent en puissance, et avec elle, bien évidemment la peur du pouvoir. Peur qui prend une forme somme-toute très classique : l’ultra-violence et la répression dans le sang.
Ces derniers jours ont ainsi vu : des flics toujours plus nombreux-ses, plus armés-es, des gazages, des tabassages, à la matraque, au bouclier, aux poings gantés, aux pieds rangerés, des agressions de cortèges, 134 arrestations au dernier rendez-vous parisien, jusqu’à, il y a peu : la présence de baceux-euses en motos, rappelant tristement les brigades de voltigeurs, et l’assassinat dégueulasse de Malik Oussekine de 1986 .

Face à cette répression sanglante pensée, organisée, construite, industrielle et rationalisée (je vous assure que les motos étaient au chaud dans un garage de la nation, le chef de la bac ne les a pas acheté le matin-même parce que c’était plus pratique pour aller chercher les croissants pour l’équipe), face à cette répression donc, qu’avons-nous ? des étudiants-es, des lycéens-nes, des chomeurs-euses, des travailleurs-euses, des précaires, qui nourrissent une idée très naïve : celle que les Gardes mobiles ou la Police nationale seraient là en cas de "débordement" pour "la protection des bons manifestants", et pour la "protection des biens" (alors que la somme de l’histoire militante ne démontre qu’une chose : le tabassage est un enjeux politique : celui qui consiste à te faire fermer ta gueule en te brisant la mâchoire.)

Le grand déballage des communiquant d’État sur les opérations policières, même si nous en restons très critiques (une arme non-létale qui arrache un morceau de colonne vertébrale à Rémi Fraisse, allons bon, la pilule ne passe pas ... Et quand bien même le débat porterait sur "la méthode de l’usage de la grenade"), nous touche malgré tout, et la preuve s’y fait lors des manifs : on sait que la police fiche et filme les manifestants, combien sommes-nous visage découvert ? On sait que la matraque est un bâton plombé qui sert a frapper, et qui a déjà tué par le passé. Combien somme-nous sans casques, genouillères, coudières et bouclier ? On sait que les grenades servent a blesser, mutiler les jambes, et nous faire perdre en audition par leur décibels. Combien sommes nous sans protège-tibia et sans bouchon anti-bruit ? On sait que les flashball et LBD blessent, mutilent, et tuent (voir le dernier rapport de l’ACAT) , combien sommes nous sans masque (à gaz) et protection pour nos yeux ?

Nous autres, manifestants-es, considérons que nous exerçons un droit, (dans un cadre imaginaire, celui de la loi), et c’est dans cette vue de l’esprit totale que nous nous rendons à nos rendez-vous : en bonne chair à matraque, nos chairs noires, roses ou jaunes, excitant les chiens assermentés.

On attend quoi pour se poser la question de notre autodéfense ?

Organisons nous, papotons avec nos voisins en manifs, construisons des rencontres, échangeons nos numéros (utilisons des services de messageries cryptées, Signal ou Riseup en sont des bons), que nos révoltes survivent au moment de la manifestation : qu’elles essaiment au-delà.
Montons des groupes organisés en boucliers, casqués, des équipes de médic, des formations aux soin, des legal team, organisons des groupes de coordinations, qui suggéreraient les déplacements ensemble, carte en main, pour éviter les nasses, trouvons des systèmes pour brouiller les communications talkie-walkie de la police, organisons des groupes qui iraient, musclement et ensemble, chercher les camarades arrêtés-ées, construisons des moments, des situations, prenons a revers les fourgons de polices sans leur effectifs, la nasse est une stratégie très efficace : alors nassons la police ! Et faisons le équipés-ées pour parer aux agressions, construisons en pratique notre auto-défense tous ensemble !

Nous sommes bien plus nombreux : mais ils disposent d’un arsenal qui nous réduit à attendre les prochains coups : prenons acte de leurs violences, de ses buts, reprenons l’initiative, organisons matériellement la riposte !

PS :

Repris de Paris-Luttes.info

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