Des nouvelles du 6 décembre à Athènes : un compagnon français arrêté et menacé d’expulsion

En Grèce, chaque 6 décembre les militants commémorent l’assassinat d’Alexandros Grigoropoulous, jeune de 15 ans tué par balle par un flic à Exarcheia à cette date en 2008.
Cette année, la mobilisation a été marquée par une forte répression : 5000 flics sur la ville d’Athènes et plus de 400 arrestations dans la journée. Parmis ces arrété.e.s, un compagnon français n’a pas été relaché et est actuellement détenu dans la prison d´Amygdaleza, un centre de pré-déportation pour migrant.e.s.

En Grèce, chaque 6 décembre les militants commémorent l’assassinat d’Alexandros Grigoropoulous, jeune de 15 ans tué par balle par un flic à Exarcheia à cette date en 2008. En rappel de la vague d’insurrection qui suivit cet évènement, les manifestations annuelles qui ont lieu depuis tournent souvent en affrontement avec la police. Cette année, la mobilisation était explicitement interdite par les autorités qui ont quant à elles mobilisé plus de 5000 flics sur la ville d’Athènes et ont procédé à l’arrestation de plus de 400 personnes dans la journée. Rien de si surprenant compte tenu de l’escalade de la répression en Grèce au cours des derniers mois.

Un compagnon anarchiste français a été arrêté. A l’issue de sa garde à vue il n’a pas été relâché mais et s’est vu notifier un avis d’expulsion en tant que danger à l’ordre public ainsi qu’une interdiction de territoire de 7 ans. D’abord transféré dans les cellules des services de l’immigration à Petrou Ralli, il a depuis été envoyé dans le centre de rétention d’Amygdaleza dans la banlieue d’Athènes. Le tribunal administratif a entériné l’avis d’expulsion et le compagnon est aujourd’hui dans l’attente de son recours en justice.

Communiqué du compagnon :

Ces derniers temps, l’État montre un visage plus agressif et autoritaire avec la création de nouvelles unités de police (Drasi/Delta, Black Panther) et la répression s’intensifie (expulsion de squat, opération anti-terroriste, loi interdisant les manifestations, loi facilitant l’entrée en prison par décision rapide, augmentation à 18 mois de la durée de rétention des migrants, etc…).

Aujourd’hui dans un contexte ‘d’État d’urgence’ et sous prétexte de santé publique, l’Etat se dote d’outils répressifs plus efficaces et légalise divers types de mesures et d’interdictions (couvre-feu, lockdown, interdiction de rassemblement) qui jusqu’alors n’étaient utilisées qu’en situation de guerre.
Il se dote aussi d’un nouveau chef d’inculpation, diffusion du virus, permettant l’arrestation arbitraire de n’importe quel opposant.

Oui, on a bien à faire à une guerre. Une guerre contre tous ceux qui refusent de baisser la tête. Une guerre contre tous ceux qui ne demandent pas d’autorisation pour descendre dans la rue et pour lutter.

La peur est diffusée en continue sur les chaînes de télévision et dans les journaux où l’on appelle à la « responsabilité individuelle ». Pour les irresponsables qui se refusent à devenir leur propre maton, la répression est immédiate, tabassages (comme à Galatsi) et arrestations. Les exemples ne manquent pas ces dernières semaines (Patra, Syntagma, Ambelokipi, Exarcheia, Ioanina, etc…).

L’État ne cache même plus la teneur politique de ces mesures, il interdit les rassemblements de plus de 4 personnes sur l’ensemble du territoire los de la célébration des 3 jours de Polytechneio et lors du 6 décembre. Non pour la santé publique mais pour l’ordre public, ou plutôt la « santé sociale ». Contre le virus de la résistance et de l’insoumission.

Le 6 décembre 2020, lors du 12ème anniversaire de l’assassinat d’Alexis Grigoropoulos par les flics et de l’insurrection qui en a suivi, 2 appels anarchistes à se rassembler au mémorial, à l’angle des rues Tzavela et Messologiou, sont diffusés malgré l’interdiction. Des centaines de compagnons tentent de rejoindre l’appel mais la police occupe tout le quartier et tentent d’arrêter tous ceux qu’ils aperçoivent, s’en suit une chasse à l’homme dans les ruelles d’Exarcheia, ainsi que dans d’autres quartiers où des manifestations sont organisées comme à Kypseli ou Virona.

Des dizaines et des dizaines de manifestants sont arrêtés et accusés de « diffuser le virus ». La préfecture (GADA) ne suffit plus, et certains arrêtés sont retenu à Petrou Ralli, dans des conditions qui à elles-mêmes rendent ironiques les chefs d’inculpation.

Je me retrouve comme des dizaines d’autres compagnons mais aussi de simples passants à peine sortis de chez eux, détenu à GADA. Comme pour les autres, il n’y aura pas de procès ces jours-ci, je suis considéré libre par la justice. Mais les flics en décident autrement et décide de me retenir pour me déporter et m’interdire l’entrée sur le territoire grec jusqu’au 9/12/2027, parce que considéré comme « dangereux pour l’ordre public ».

Ils me retiennent en isolement pour cause de corona virus et les visites me sont interdites. Je suis bien décidé à refuser de partir et à résister par tous les moyens à tout tentative de déportation. Je ne laisserais aucun État ni aucun flic m’éloigner de mes compagnons et de mon contexte de lutte.

Le rassemblement de ce matin m’a réchauffé le coeur. J’ai du quitter la fenêtre parce que les renforts sont arrivés et j’ai du rentrer en cellule. Ensuite un officier est venu me voir et m’a dit qu’il était à ma disposition pour ce que je voulais. On m’a apporté un café et on a même mis la radio que j’aime bien à l’extérieur de la section pour que je puisse l’écouter. Merci compagnons.

Je voudrais dire quelques mots pour ceux à qui, bien avant le lockdown et les mesures d’urgence, leur est refusée la liberté de circuler librement. Mes co-détenus, des migrants, ont été un jour contrôlés dans la rue et arrêtés pour le seul motif de ne pas avoir des papiers en règle et se retrouvent enfermés ici pendant des mois (certains sont ici depuis 17 mois) sans savoir pour combien de temps. D’autres après une peine de prison et considéré libre par la justice, se retrouvent ici à Petrou Rally ou ailleurs par simple vengeance de l’État.

ανοιγω το παραθιρο (j’ouvre la fenêtre)

εδω βρομαιει εξω (ça pue le dehors)

και εξω βρομαιει μεσα (et dehors ça pue l’intérieur)

λες και δεν υπαρχει διαφορα (comme s’il n’y avait pas de différence)

μεταξυ εξω και μεσα (entre dehors et dedans)

FEUX AUX PRISONS ET À TOUTES LES CAGES

À BAS L’ÉTAT ET VIVE L’ANARCHIE

Errol

Appel à des actions en soutien :

Nous refusons de faire de notre compagnon un martyr, en revanche nous ne laisserons pas l’État grec s’en servir d’exemple et d’objet de sa propagande de terreur contre l’opposition politique et plus spécifiquement le mouvement anarchiste.

Aussi bien pour lutter pour sa libération que contre l’autoritarisme absolu et la dystopie liberticide qui s’installe partout en Europe et au-delà, nous en appelons à la solidarité et la mobilisation internationale pour visibiliser son cas et les pratiques totalitaires de l’État policier, en Grèce, en France, et partout ailleurs.

Parce que nous sommes toustes dans le même bateau qui coule sous nos yeux, parce que cette lutte est universelle et qu’elle doit se mener ensemble et partout, relayons massivement les infos, sortons nos propres analyses sur la question, organisons des actions locales et continuons d’être en contact les uns avec les autres.

Solidairement,

Les compagnonnes et les compagnons d’Errol à Athènes

Pour lire le communiqué de l´Assemblée de solidarité au compagnon anarchiste Errol : https://athens.indymedia.org/post/1609139/
Pour nous contacter : borroka@riseup.net

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