Des prisons nous n’en voulons ni à Entraigues ni ailleurs !

Non content de détenir un nombre record d’incarcérations, l’Etat français veut créer 15.000 places de prisons supplémentaires. Une nouvelle prison de 400 places est prévue pour 2024, dans le Vaucluse à Entraigues.

On nous présente cette future prison comme indispensable pour désengorger celle surpeuplée du Pontet. Déjà, en 2003, lorsque fut fermée la sordide prison Saint-Anne à Avignon, celle du Pontet fut mise en service sous prétexte d’améliorer le sort des détenus. Cet argument s’était vite révélé fallacieux. On sait désormais ce qu’il en est : les tribunaux d’Avignon et de Carpentras se sont empressés de la remplir en condamnant à tour de bras. Aujourd’hui 790 prisonniers s’y entassent pour 625 places, dont une part importante sont des prévenus (détenus en attente de jugement). Dans cette prison « moderne », les suicides sont allés crescendo.

La prison d’Entraigues n’échappera pas à cette logique. Si elle était construite, elle sera à son tour très vite remplie et surpeuplée. Les nouvelles prisons ne sont donc pas construites pour répondre à la surpopulation carcérale, mais pour y enfermer toujours plus de monde. La prison n’est pas et ne sera jamais le lieu de la réinsertion sociale.

Elle est au contraire ce lieu de dépravation et de perversion, où sont reproduites jusqu’à leurs paroxysmes toutes les injustices, les hiérarchies, les dominations et les violences de notre société. C’est le pourrissoir où cette société, fondée sur le premier des vols « la propriété », enferme celles et ceux qui ne jouent pas le jeu et portent atteinte à cette sacro-sainte propriété.

Comme le souligne l’Observatoire des Inégalités : au sein de la population carcérale, les catégories sociales les plus démunies et en situation de grande vulnérabilité sont surreprésentées. Et 92,7 % des personnes incarcérées le sont pour des infractions ou des délits mineurs.

La prison, est donc ce lieu de châtiment où la société bourgeoise enferme les êtres qu’elle a déclarés nuisibles, afin de contenir toute tentative de révolte sociale et de maintenir ainsi en son sein ses valeurs morales fondées sur l’inégalité, le respect de l’autorité, la soumission à la violence étatique.

Il n’y a donc pas, comme le pensent certain.e.s, d’un côté des prisonnières.ers politiques, qui mériteraient toute notre solidarité et de l’autre des droits communs qui purgeraient une peine bien méritée. Toutes et tous sont à la fois les produits et les victimes de ce système. Toutes et tous sont à ce titre des prisonnières-ers politiques.

En voulant maintenir, amplifier et développer les prisons, la société ne se protège pas, elle s’avilit. Elle s’enferme dans une parano sécuritaire où vont s’exacerber les exclusions, les inégalités, les violences.

C’est pourquoi, au même titre que le féminisme, l’anti-patriarcat, ou l’anti racisme, les luttes anti carcérales doivent devenir partie intégrante du combat pour l’émancipation sociale.

Tout comme cette société, Tout comme la misère et les dominations, Les prisons ne sont plus de notre temps. Il faut abolir les unes et détruire les autres.

Dès à présent, à Entraigues comme ailleurs, agissons pour qu’aucune nouvelle prison ne sorte de terre.

Collectif anti carcéral 84 : crevelataule84@riseup.net

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