La coupure en eau courante et climatisation n’aurait duré qu’une trentaine d’heures du vendredi 3 août au samedi 4 août selon l’administration avant un retour à la normale. Et rien de grave, puisque l’eau potable y était disponible de façon illimitée et un système avait été mis en place pour l’accès à des douches fonctionnelles.
En vérité, la coupure d’eau se sera étendu de vendredi à dimanche soir, avec une brève remise en route du réseau dans la nuit de samedi à dimanche. L’urgence n’était pas de réparer, mais de maquiller au mieux problème devant le juge du lendemain, saisi de requêtes en demande de libération des personnes enfermée.
L’eau chaude n’aura jamais pu être rétablie et le système de climatisation, n’aura pas été complètement réparé durant toute la semaine. La clim’ était trop forte à certains endroits, quasiment inexistante à d’autres. Surtout, la qualité de l’eau distribuée suite aux "réparations" pose question suite l’apparition de maladies à répétition.
Quant à la distribution d’eau illimitée... que dalle, juste une bouteille de 50 cl le midi et une à 18h. L’accès aux douches fonctionnelles ? Du vent. Le simple fait de pouvoir boire était devenu une épreuve.
Grève de la faim général au centre de rétention contre les conditions inhumaines d’incarcération de ces derniers jours.
Depuis vendredi au centre de rétention administrative de Marseille, panne de climatisation et d’eau s’y succèdent. Plus de douche, un accès extrêmement limité à l’eau potable. Certaines personnes sont tombées (...)
Depuis ce dimanche, une vingtaine de personnes au moins, soit plus d’un tiers des personnes enfermées, sont tombées malades : démangeaisons sur tout le corps, maux de ventre aigus, maux de tête, diarrhée. Un personne a pissé du sang pendant 5 jours. Les conditions d’enfermement y étaient délétères. 2 personnes ont tenté de se suicider par pendaison au cours de la semaine, le second ayant été hospitalisé en urgence.
Alors forcément, ça interroge sur la manière dont les circuits d’eau ont été « réparés » à la hâte. Ça interroge sur la qualité de l’eau distribuée ensuite. La version des autorités d’un incident mineur maîtrisé dès samedi 04 août 2018 et d’une fermeture du centre justifiée par la volonté de changer le système de climatisation, présenté comme fonctionnel, fait tout simplement rire… ou pas.
Certes, cette fermeture ce vendredi est une petite victoire, un soulagement, mais le manque d’explications laisse comme un goût d’amertume. D’autant que toutes ces personnes oppressées n’ont pas été relâchées Sur les 46 personnes enfermées au centre, 14 ont été libérées ou assignées à résidence. Les 32 autres ont été transférées vers d’autres centres. Pour celles-là, l’enfermement et les tentatives de déportation continuent malgré tout.
Nombreu.ses.x sont celles et ceux qui ont contribué.es par leur mensonges, contre vérités, ignorances et indifférences à ce que cette situation soit minimisée voir ignorée. Permettez qu’il soit rendu un vibrant hommage à certain-es d’entre elleux.
Merci au Capitaine Gilles KHATCHADOURIAN, pour avoir attesté sur l’honneur et en justice que les systèmes d’arrivé d’eau étaient en état de fonctionnement dès le samedi 04 août, 23h, et que l’eau potable était distribuée à volonté et que des rondes étaient organisées pour l’accès aux sanitaires.
Merci à la juge FRAYSSINET d’avoir évacué en l’espace d’une minute, sans aucune audition ni convocation, la quarantaine de demande de remise en liberté, dimanche 05 août 2018, en espérant que d’éventuels états d’âme ne lui ai pas ruinés son dimanche.
Un grand merci à la société SPIE, assurant la maintenance de plusieurs CRA, d’avoir effectué en urgence une intervention pour "remettre en état » les circuits de distribution d’eau froide, le temps que le tribunal refuse les demandes de libération… remise en état n’ayant malheureusement pas tenue plus d’une dizaine d’heures.
Un merci aussi à la magistrate de la cour d’appel d’Aix, Valérie GERARD, qui a certes eu la décence d’écouter mardi et mercredi, les personnes enfermées pendant plusieurs heures, mais s’est ensuite contenté de recopier soigneusement dans ces décisions, l’attestation de la PAF, sans tenir compte de la quarantaine de témoignage des personnes enfermées, certificats médicaux, plaques de boutons et bouteille d’urine ensanglantée à l’appui. Que valait la parole de ces étranger.es face à une attestation sur l’honneur d’un gradé.
Un merci, enfin, à Sylvie VOILLEQUIN, représentante de la préfecture devant la cour d’appel pour avoir su tenir le discours officiel et assuré que tout était revenu à la normale, moins de 48 heures avant la fermeture du centre.
Le centre est aujourd’hui fermé, malgré eux. C’est toujours 136 places en moins dans les camps de déportation du p’tit Colomb et de ses acolytes fascisants.
Car ne nous y trompons pas, ces circonstances particulières nous révèle le mode de fonctionnement habituel et de contrôle de ce genre de lieu d’enfermement - culture du secret et du maquillage - ainsi que la complicité passive de la justice censée les contrôler. A moindre échelle sans doute, c’est le fonctionnement qui peut être observé au quotidien. Il suffirait d’une visite au 49 Bd Ferdinand de Lesseps pour s’en assurer... enfin, si le centre ré-ouvre quoi !