Depuis quelques semaines la frontière franco-italienne est tristement retournée à la une des infos locales. Le 22 avril, suite à l’invasion de la zone de la part des néo-fascistes de Génération Identitaire qui demandaient la fermeture totale de la frontière, une marche spontanée contre les frontières et contre les uniformes qui la défendent avait réuni plus de 200 personnes, avec et sans papiers, et avait traversé la frontière franco-italienne à pied avant d’arriver à Briançon.
À la fin de la marche, la police de Briançon a arrêté trois personnes. Théo, Bastien et Eleonore ont fait dix jours de prison à Gap et Marseille et sont passé.e.s en procès jeudi 31 mai avec l’accusation de favoriser l’immigration clandestine en bande organisée.
[M.à.j. 1 juin - Gap] On n’emprisonne pas la solidarité !
Texte et appel initialement publié sur le Facebook du refuge Chez Jesus.
Ces deux dernières semaines, trois corps ont été retrouvés à la frontière. Blessing, une jeune nigériane de 21 ans qui tentait de rejoindre la France est morte à la suite d’une course poursuite avec la police Française qui l’a fait tomber dans le fleuve. Mamadou est mort d’épuisement dans les bois de Briançon, après deux jour de marche pendant lesquels il cherchait à éviter les contrôles policiers, toujours plus forts. Il y a quelques jours un autre cadavre a été retrouvé dans l’Orridio du Fréjus, coté italien. Un corps en décomposition avancé qu’on retrouve seulement maintenant que la neige a fondu. Trois morts en moins de 20 jours. La frontière les a tuée. Cette frontière devient rapidement un cimetière.
Le procès des camarades inculpé.e.s est un procès politique et les morts des personnes migrantes qui essaient de passer la frontière sont des cas de meurtre. Police. Gendarmerie. PAF. Fachos. Ce sont eux les responsables directs de ces morts. Les forces de l’ordre sont le bras armé de ce dispositif de sélection et d’exclusion, qui en devient assassin.
La répression des forces de l’ordre, envers les "migrant.e.s", les "sans papiers" s’est rendue visible dans ces montagnes, mais elle demeure partout ailleurs. Les rafles dans les villes où la police effectue des blocages spécifiques pour chasser ceux et celles qui n’ont pas de documents, pour les menacer et pour les enfermer dans un centre de rétention.
Et quand des personnes solidaires qui n’ont plus envie de rester à regarder ce cimetière grandir de jour en jour s’opposent à cette politique, on les accuse de favoriser l’immigration clandestine en bande organisée. C’est la lutte et la solidarité qui se sont nouée aux frontières au cours des derniers mois que l’on accuse. L’accusation de « Bande organisée » en est un exemple. L’État attaque les réseaux de solidarité qui se sont tissés entre les vallées italienne et briançonnaise.
Face à la répression la seule réponse possible est la révolte.
La frontière tue.
On n’oublie pas, on ne pardonne pas.