La contre-culture états-unienne dans le collimateur d’un fascisme 2.0

Le 2 Décembre, un incendie a détruit une batisse industrielle reconvertie en espace artistique et salle de concert, le Ghost Ship à Oakland en Californie du nord faisant 36 mort.e.s. La répercussion de l’incendie semble progressivement faire des ravages dans le milieu punk DIY et contre-culturel états-uniens par le biais d’une campagne de dénonciation.

Diffusée sur la plateforme internet 4Chan (aussi connue pour être l’une des origines virtuelles du groupe Anonymous), un appel lancé dans la semaine suivante invitait à utiliser la couverture médiatique de l’incendie pour dénoncer chaque espace similaire dans toutes les infractions qui pouraient leur être reprochées afin de les faire fermer et « écraser la gauche radicale ».

Le fil de discussion initiale, maintenant effacé, indiquait la marche à suivre suivante :
« Observe-les, suis-les dans leurs ruches. Infiltre leurs cercles sociaux, va aux fêtes/événements, enregistre des preuves et rapporte-les. Il faut maintenant les écraser dans leurs nids avant qu’illes ne se regroupent ».
« Ces espaces sont des creusets de liberalisme radical et de dégénérécences et TU peux maintenant les arrêter en rapportant tous les lieux que tu connais ou pourrais connaître aux autorités, en particulier aux pompiers »

Cet activisme virtuel semble déjà donner des résultats, avec sept plaintes déposées en moins de 48h contre le centre social 1919 Hemphill à Fort-Worth au Texas qui doit maintenant s’acquitter d’une facture de 10.000$ de remise aux normes, et le maire de Richmond en Californie voulant expulser le centre social Burnt Ramen.

De manière plus large, c’est toute activité vue comme possiblement subversive face au futur gouvernement conservateur, qui semble la cible de ces dénonciations administratives et attaques plus directes. D’autres fils de discussions, signés par des groupes aux noms de « Right Wing Safety Squad » et « MAGA » (pour le slogan de D. Trump : Make America Great Again) poussent la méthodologie de ces dénonciations : « regardez dans les communautés étudiantes, les groupes facebook, les forums de musique. […] Chechez des mots-clefs comme queer et « safe space ».

Jusqu’à présent il semble que ces attaques se soient limitées à des dénonciations. Cependant celles-ci ont aussi mis à nu le manque de protection des espaces contre-culturels face à ce type d’attaques, conclusion qu’il serait une erreur de limiter aux seuls États-Unis.
Dans le climat de répression générale actuel, il semble important de suivre la résistance à cet exemple et d’en tirer des conclusions vers de nouvelles pratiques pour mélanger peut-être autrement le besoin d’une culture de la sécurité et cette autre nécessité d’ouverture, d’échange et de diffusion d’idées et de pratiques radicales et anarchistes à partir de ces espaces.

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