Eléments de contexte
Alors que des fronts des FARC-EP se préparent à quitter définitivement leurs campements pour rejoindre les zones transitionnelles qu’ils ne pourront quitter que désarmés selon les accords de paix, les paramilitaires d’extrême droite continuent à assassiner quotidiennement des membres des mouvements sociaux, laissant présager un avenir funeste aux démobiliséEs (comme cela s’est déjà produit après un autre accord de paix il y a 35 ans). Cependant, au-delà des membres des FARC-EP et probablement bientôt peut-être de l’ELN, c’est toute personne qui ne baisse pas l’échine devant les compagnies extractivistes et les spoliations de terre qui est cibléE.
Le texte d’Hector Mondragón proposé ci-dessous est paru le 8 décembre 2016 sur le site du PASC [1]
Pour plus d’explications sur la Colombie, les accords de paix précédents, les groupes armés (guérillas et paramilitaires), son histoire géopolitique de manière succincte avant d’entamer ce texte :
- lire une brochure pour comprendre par des témoignages et des encadrés le contexte politique, historique et économique Paroles de ColombienNEs
- lire une brochure du collectif BEJUCO sur la libération de la terre et ses enjeux :
- voir des vidéos soustitrées en français
Quelques Infos sur la situation sociale en Colombie.
Quelques Informations de ces dernières semaine sur la situation sociale en Colombie. Vous trouverez plus bas, des résumés et/ou des liens renvoyant vers : des abus des compagnie pétrolières des informations sur (...)
[Colombie] Le paramilitarisme en 2016 : la violence continue malgré le processus de paix
Les groupes paramilitaires cherchent à être reconnus par le gouvernement et la société civile comme des groupes armés bélligérants qui auraient une idéologie rebelle politique et fondatrice. Cela constitue un (...)
Quand le nettoyage social fait rage en Colombie
Alors que le référendum du 2 octobre mobilise la majorité de la société colombienne pour que soient validés les accords entre le gouvernement de Santos et la guérilla stal des Farc, les paramilitaires d’extrême (...)
En colombie, il est courant que les mouvements sociaux soient persécutés...
Le 8 juillet 2015, 15 personnes ont été arrêtées de façon simultanée dans la ville de Bogotà, dans une opération dirigée par la Fiscalià générale de la nation (Bureau du Procureur), conjointement avec la police (...)
Le plan pour « Gaza-ifier » le processus de paix colombien
Traduction en français et féminisation par le collectif BEJUCO de Marseille
Pour comprendre ce qui est en train de se passer concernant les accords de paix colombiens, il est nécessaire d’identifier l’énorme pouvoir politique détenu par les grands propriétaires terriens colombiens.
Sans connaissance du problème de la concentration des terres par les propriétaires terriens, il est impossible de comprendre quoi que ce soit de ce qu’il s’est passé dans le pays durant les 80 dernières années.
En 1875, le parti des travailleur-euse-s socialistes d’Allemagne identifient dans leur programme le problème du contrôle de la classe capitaliste sur les moyens de production. Marx a alors critiqué cette formulation du fait qu’elle néglige le « monopole des propriétaires terriens (le monopole de la propriété de la terre est même la base du monopole du capital) ». Il ajoute que même « en Angleterre, la classe capitaliste n’est la plupart du temps pas propriétaire des terres sur lesquelles se trouvent ses usines ».
Aujourd’hui, au
XXI e siècle, en Colombie, le pouvoir économique et politique des grands propriétaires terriens est bien connu. Le prolongement du conflit armé a déchaîné une contre-réforme agraire et des millions de paysanNEs sont déplacéEs. La Colombie est devenue le pays avec les terres les plus chères de la région et la majorité des terres arables ne sont pas cultivées.Le conflit armé est devenu un poids pour les mouvements sociaux et un obstacle sur le chemin des travailleur-euses et des paysanNEs dans la lutte pour leurs droits. Il sert de prétexte pour réprimer et assassiner des leaders populaires. Les peuples Indigènes et Afro-Colombiens, les PaysanNEs et les Unionistes, et les défenseur-seuses des droits humains ont payé le prix fort en terme de souffrances et de vies enlevées du fait de la perpétuation du conflit armé. Illes veulent une fin à tout cela.
Les propriétaires terriens ont réalisé des profits tout au long de la période de la guerre. Ils n’ont aucun intérêt dans la redistribution des terres qu’ils ont volées et veulent que le système de déplacement des populations perdure. La guerre a aussi servi à ceux qui imposent l’industrie minière, pétrolière et autres mega-projets qui dévastent l’environnement, car elle a fourni le prétexte pour l’élimination physique des leaders d’opposition à ces projets. Ces « campagnes d’assassinat » ne sont pas spécifiques à la Colombie et se produisent partout ailleurs en Amérique Latine et ailleurs dans le monde.
Ceux qui profitent de la guerre ne vont accepter aucun accord – pas même celui qu’ils furent capables de rédiger et de modifier – parce qu’ils savent que le principal effet de la fin du conflit armé, sera que les gens, et avant tout la paysannerie, seront capables de s’organiser et de se mobiliser massivement pour faire valoir leurs droits. Cela ne sera pas toléré, d’autant moins si ça leur est imposé par une mobilisation de millions de colombienNEs déterminéEs qui refusent d’accepter le retour à la guerre et qui refusent de croire aux campagnes systématiques de mensonges.
Ni les accords de paix signés à Carthagène le 26 septembre 2016, ni celui signé à Bogotá le 24 novembre ne vont être acceptés par les porte-paroles des grands propriétaires et des méga-projets parce qu’ils n’accepteront aucun accord de paix, jamais.
Les espérances générées par les accords signés à Carthagène ressemblent à l’espoir réveillé par les accords d’Oslo le 13 septembre 1993 entre Israël et la Palestine, pour lesquels Yitzhak Rabin et Yasser Arafat ont reçu le prix Nobel en 1994.
Les autorités religieuses n’ont jamais accepté les accords d’Oslo. Les assassinats et les attaques furent la voie par laquelle les accords furent affaiblis et au final tournèrent courts. Le 4 novembre 1995, après une gigantesque manifestation en faveur de la paix, Yitzhak Rabin fut assassiné par un extrémiste religieux israélien. Rabin venait de déclarer dans son discours « J’ai été un militaire pendant 27 ans, j’ai mené la guerre aussi longtemps qu’il n’y avait pas d’espoir de paix. Je crois qu’il y a maintenant une chance de faire la paix, une grande chance, et nous devons faire le maximum pour elle ».
Alors que le combat entre l’armée israélienne et les groupes armés palestiniens reprenait, Yasser Arafat était dans une maison d’arrêt israélienne depuis 2001, une violation de ce qui restait des accords d’Oslo en 1993.
Le gouvernement israélien a continué à construire des colonies sur des territoires palestiniens reconnus, a bombardé et envahi des villes palestiniennes des centaines de fois et et transformé Gaza en un ghetto où les Palestiniens sont systématiquement tués et massacrés. Israël est gouverné par ceux qui étaient opposés aux accords de paix, ceux qui considéraient que Rabin était un « traitre » - Au lieu de la paix, c’est un cauchemar raciste.
Les colombienNEs doivent faire tout ce qu’illes peuvent faire pour défendre la paix, pour éviter ce qui s’est passé en Palestine – résister au plan de Gaza-ification du processus de paix colombien. Malheureusement, les choses partent dans la direction de la Gaza-ification.
Premièrement, à travers une fraude massive, des milliers de votantEs ont été désorientéEs par des messages disant que leurs pensions de retraite seraient réduites et leurs services sociaux supprimés si les accords de paix étaient approuvés ; que les accords de paix « promouvaient l’homosexualité » et « l’idéologie du genre » ; que les plaques de taxis seraient saisies pour être données aux guérillerxs démobiliséEs. Que de nombreuses personnes célèbres et respectées (qui étaient pour les accords de paix et ont voté « Oui ») allaient voter « Non ». Le résultat du plébiscite raté sur les accords a été une conséquence d’une fraude – mais celui-ci a été utilisé pour modifier les accords.
Deuxièmement, les modifications des accords se sont faites au dépend des paysanNEs, des communautés et de la réforme rurale promise.
La détérioration du texte des accords de paix pourrait simplement être justifiée si des nouveaux accords mettaient en jeu un acteur armé, qui n’a, pour l’instant, pas accepté la paix.
À la fin d’une journée, un accord de paix se fait entre des ennemis – ce n’est pas un morceau de législation défini par le vote de la population. Un accord de paix est ce qu’il est, précisément car il ne reflète pas la pensée de tous les signataires qui sont d’accord avec – c’est essentiellement un accord de concessions mutuelles de ceux qui ont été en guerre. Et encore dans ce cas, les concessions aux propriétaires terriens ont été données sans aucune promesse de leur part d’accepter la paix. Effectivement, ils continuent à produire leurs propres plans pour la prolongation de la guerre.
Troisièmement, depuis les jours précédents à la signature des accords et d’autant plus dans les semaines récentes, une nouvelle vague d’assassinats de leaders Autochtones, paysanNEs et Afro-descendantEs a été déchainée. Des gens ayant dénoncé le fracking dans le département du César, ont été arrêtéEs et détenuEs. Dans le Caqueta, ilLEs ont été assassinéEs. Le jeune gouverneur du Putumayo, qui a défié les propriétaires terriens traditionnels s’est fait évincé. Le maire de gauche de Bogotá, Gustavo Petro, a été condamné a une amende de 67 millions de dollars parce qu’il abaissait le tarif des bus au moment de sa prise de pouvoir. [ndT :ex-guérillero du M19 ayant été démis de ses fonctions lorsqu’il a voulu faire cesser le business de la mafia lié au ramassage des poubelles en créant un service public. Taxé de communiste par l’élite voulant restreindre la libre compétitivité, il alla jusqu’en cour interaméricaine des droits humains qui déclara la destitution illégale.]
Quatrièmement, le maire actuel de Bogotá, Enrique Peñalosa, envoya la police détruire le campement pour la paix, campement monté sur la place Bolivar avant la ratification des accords de paix mettant fin au conflit.
Cinquièmement, avant de ratifier le nouvel accord de paix, le gouvernement national ratifia une loi cherchant à réguler la « consultation préalable » avec les Autochtones, les Afro-ColombienNEs, et les autres groupes du pays. Selon les organisations Indigènes, il s’agit d’ « un affront sans précédent », qui va à l’encontre d’une jurisprudence nationale et internationale, et, s’il était adopté violerait les droits collectifs fondamentaux de ces groupes.
Il faut se rappeler que parmi les propositions de l’ex-président Uribe pour modifier l’accord, il y avait celle de limiter le pouvoir des "consultations préalables". Dans le nouvel accord, la proposition d’Uribe fut rejetée, mais à la place, le gouvernement l’a inscrite directement dans la législation.
Les changements dans le nouvel accord affectant la petite paysannerie proviennent quasiment tous d’Uribe. Les changements sont motivés par un désir de confronter, d’affaiblir ou de neutraliser les importantes définitions de l’accord original sur l’économie paysanne.
Les accords reconnaissent « le rôle fondamental de l’économie paysanne, familiale et communautaire ». Mais c’est justement ce que les gouvernements successifs ont nié.
Uribe, lors de sa première campagne électorale émotionna la Société Agricole de Colombie (SAC) quand il déclara son manque de confiance dans un quelconque rôle autonome de la paysannerie et proclama la nécessité de subordonner les paysanNEs aux gros propriétaires terriens : « Nous installerons à Barrancameja une association paysanne, et les contractuels devront alors l’intégrer avec une entreprise efficiente à San Alberto, de façon à ce que les paysans associés et les chefs d’entreprises de longue tradition efficiente, puissent prendre leur responsabilité pour le succès de ces projets. »Cette subordination à la paysannerie a déjà été imposée dans la pratique à travers les associations stratégiques d’exploitants, en particulier les exploitants d’huile de palme durant les années de présidence d’Andres Pastrana.
Pastrana fut aussi le président ayant amené le Plan Colombie (cf brochure Paroles de ColombienNEs). La subordination de la paysannerie continua sous les gouvernements d’Uribe ayant reçu des fonds de la Banque Mondiale pour soutenir les « associations de producteurs » de « petites productions agricoles » avec « une entreprise privée ».
Cette expérience n’aida pas l’agriculture colombienne. Au terme du second gouvernement d’Uribe, le secteur connut une des crises les plus importantes.Ce qui suit a été ajouté aux accords de paix :
Le gouvernement va fomenter et promouvoir des associations, des liens et des alliances entre les petits, moyens et grands agriculteurs avec les vendeurs et exporteurs dans le but de garantir les économies d’échelle, leur compétitivié et la plus-value pour contribuer à l’amélioration des conditions de vie des habitants des zones rurales en général et des petits producteurs en particulier.
Une assistance technique, juridique et économique (crédit ou financement) pourra être apporter aux petits producteurs dans le but de garantir les économies familiale et communautaire qui sont équilibrées et viables.De cette manière, les plans des trois derniers présidents, mais aussi la doctrine du pacte Chicoral de 1972 [ndT : destiné à mettre fin aux expropriations des latifundistes, en effet, 70% des petits exploitantEs possèdaient alors environ 5% des terres agricoles], – énonçant que les gros producteurs étaient nécessaires pour garantir la compétitivité – ont été insérés en pratique par le biais de ces accords de paix. En réalité l’agriculture paysanne peut atteindre et dans certains cas excéder l’efficience des cultures à grande échelle. De plus, indépendamment de l’échelle de production, les petits producteur-rices sont efficientEs quand illes ont accès aux ressources et lorsque l’environnement le permet.
Cette modification fonctionne avec l’autre : « Le gouvernement passera une loi dont le but est la promotion d’autres formes d’accès aux terres nationales, autant que l’est la cession par droits d’usage. » L’origine de ce changement vient du gouvernement et de la loi ZIDRES (Zones Rurales Economiques et d’Intérêt Social), qui énonce que les occupantEs de terres vacantes ne possédant pas les prérequis pour être titulariséEs pourraient « conclure des contrats pour authentifier leurs droits, en autorisant l’usage, la jouissance et l’agencement des biens ruraux qu’ils occupent. » Bien que l’accord limite cela aux moyens producteurs, il ne fait aucun doute que les spoliateurs de terres sont très intéressés par cette modification de l’accord initial et ont clairement été avantagés par le vote du Non.
Le discours traditionnel réactionnaire a été inséré dans le nouvel accord ainsi les gros et moyens producteurs peuvent essayer de neutraliser – comme ils le font toujours – quelconque programme favorisant la paysannerie.
Un des principaux ajouts proposés par les promoteurs du Non, dit :
« Le développement rural dépend d’un équilibre entre différentes formes de production – l’agriculture familiale, l’agro-industrie, le tourisme, l’agriculture commerciale – pour la compétitivité et la nécessité d’un investissement promu et encouragé dans les campagnes avec la vision d’un commerce de production comme étant une condition de développement ; la promotion et l’encouragement, sous des conditions équitables, des chaines de production rurales avec d’autres modèles de production, qui pourraient être verticales ou horizontales à différentes échelles. Dans tous les cas, l’économie paysanne, familiale et communautaire sera soutenue et protégée, renforcée et développée. »La modification de l’accord maintient heureusement la reconnaissance du rôle fondamental de l’économie paysanne, aussi bien que les principes du « bien être » ou « bien vivre ». Mais il ne peut être nié que malgé cela, ces principes ne vont pas de pair avec les accords de paix, les grands propriétaires terriens ayant réussi à y introduire leur discours. Ils pourront ensuite l’utiliser pour imposer leurs acitivités et pour saper ce qui avait été au préalable accordé concernant la participation des communautés dans la planification et la gestion.
La constitution colombienne, depuis le préambule et le premier article, définit le pays comme une république démocratique et participative. Ce n’est pas une simple république représentative. Le texte de l’accord original développa ce point lorsqu’il rechercha « des décisions par des organes de différentes échelles territoriales, ce qui inclut la présence des communautés ». L’accord modifié parle aujourd’hui d’instances qui garantit la présence des communautés dans le processus de prise de décisions ». Cela signifie que les communautés participent mais ne prennent pas les décisions.
L’accord modifié dit que les mécanismes de participation « en aucun cas vont limiter les pouvoirs des gouvernements ou de ses organes (parlement, conseils et assemblées). » Ce que le porte-parole du Non dénia aux communautés rurales, ils l’ont affirmé pour eux-mêmes, limitant les pouvoirs au président de la République pour définir les accords de paix.
Sur la question des terres des réserves paysannes, la modification de l’accord ajoute simplement qu’elles pourraient être définies « par l’autorité compétente en accord avec les règles en vigueur », ce qui était évident dans l’accord précédent depuis que des lois existent dans ces zones. Leur application a en effet été gelée, premièrement par Uribe puis après par son Ministre de la Défense d’alors ! [ndT : il s’agit du président actuel Juan Manuel Santos promouvant les accords de paix] L’accord original et le modifié cherche tous deux le renforcement de la loi sur les réserves paysannes, renforcées depuis 1994.
Ce qu’il s’est passé avec les réserves paysannes ces 22 dernières années montre qu’il ne s’agit en rien d’une question de loi, de décret ou d’accord, mais de comment le gouvernement peut utiliser le conflit armé pour déplacer les paysanNEs de leurs terres et empêcher qu’illes exercent leurs droits.
Pour éviter de rendre aux paysanNEs ce qui leur a été volé, pour pouvoir continuer l’accaparement de terres, pour imposer les cultures intensives à grande échelle, les mines à ciel ouvert, le fracking, le détournement des rivières pour les barrages ou la production de charbon, les spoliateurs de terres ont besoin que la guerre perdure. Ils ont besoin qu’il n’y ait pas la paix et que la Colombie soit tenue par ceux qui promouvèrent le vote du Non aux accords de paix.
Il ne s’agit pas d’une simple opposition parlementaire aux accords de paix. Il y a un nouveau déploiement de groupes paramilitaires, opérant avec leur impunité habituelle, pour enclôre chaque communauté et la convertir en ghetto, comme Gaza. En Colombie les communautés les plus affectées par la guerre votèrent massivement pour le camp du Oui au référendum, en particulier les communautés afro-descendantes et autochtones. Les ennemis de la paix sont de l’autre côté.
La défense des commautés rurales est aussi une lutte de souveraineté. Donald trump dit qu’il va protéger les USA des importations, mais il veut promouvoir l’exportation répétant la longue histoire de la doctrine du BIG STICK pour imposer la consommation des exportations nord américaines, en particulier les produits agricoles, en Amérique Latine, dont la production vient spécifiquement des zones ayant massivement voté pour Trump. Sans la paix, ils vont continuer à imposer la destruction de notre souveraineté alimentaire.
La lutte pour la paix est fondamentale. C’est la plus importante lutte actuellement pour la défense des travailleur/euses ColombienNEs et spécialement pour les communautés paysannes, autochtones et afro-descendantes.