La crise des années 1930 qui touche l’ensemble du monde a aussi ses répercussions en Espagne. Mais paradoxalement, elle se traduit d’abord par un regain d’intérêt pour le parlementarisme (pourtant en crise dans le reste de l’Europe). Le roi Alphonse XIII, complètement discrédité doit abandonner le pouvoir. Le 14 avril 1931, la Seconde République espagnole est proclamée. Paysans, ouvriers, classes moyennes attendent avec espoir de profonds changements. Les réformes (c’est-à-dire l’amélioration des conditions d’existence) tant espérées tardent à se réaliser ; la déception n’en est que plus grande. À peine deux ans plus tard, une majorité conservatrice accède au pouvoir. Son chef, José María Gil-Robles (admirateur de Mussolini, de Dollfuss et d’Hitler), fait adopter des mesures autoritaires de plus en plus inquiétantes dans une Europe où les dictatures gagnent de jour en jour du terrain.
En octobre 1934 la direction du Parti socialiste d’alors appelle à la grève générale et au soulèvement dans toute l’Espagne. Mal préparé, mal coordonné, ce mouvement, accompagné parfois d’affrontements armés, échoue.
Par contre, au nord de l’Espagne, dans les Asturies, c’est une révolution sociale qui va secouer l’ensemble de la région minière. Sous le mot d’ordre de UHP (« ¡ Uníos hermanos proletarios ! », « Unissez-vous frères prolétaires ! »), armés de fusils, de bâtons de dynamite, de canons et de mitrailleuses, les mineurs asturiens de l’UGT et de la CNT vont instaurer une véritable Commune ouvrière.
Ils seront écrasés sans pitié par l’armée, la Légion étrangère et les supplétifs marocains dépêchés d’urgence d’Afrique. La résistance des mineurs et la répression qui s’ensuivirent résonnèrent profondément, en Espagne et au-delà.
Malgré cet échec, la Révolution des Asturies peut être considérée comme le prélude à la Révolution de 1936.
Francisco Pallarés Aran a enseigné l’espagnol en lycée et à l’université. Il a publié des articles dans diverses revues et a participé à des ouvrages collectifs. Il est membre de la rédaction des Cahiers du CTDEE (Centre toulousain de documentation sur l’exil espagnol). Dans le n° 2 (2014), il a écrit un texte sur la révolte des Asturies. Les trois numéros parus de ces Cahiers seront disponibles au CIRA le jour de la causerie.