Marche 1 an après les effondrements, commémorer ? Non, le 5 novembre 2018 n’est malheureusement pas fini...

Ce texte publié par la Maison du Peuple de Marseille vient préciser l’appel à manifester le 9 novembre dans la cité phocéenne (15h métro Notre Dame du Mont / ligne 2). Pour aller au-delà de la commémoration des victimes de l’automne 2018, pour faire payer les responsables du massacre – 9 morts – pour ne plus laisser la ville à la crapule politicienne et affairiste.

Samedi 9 novembre, à 15h au Métro Notre Dame du Mont / Cours Julien aura lieu le départ de la grande marche “1 an après les effondrements”. Cela aurait pu être une marche blanche, comme exactement il y a un an déjà, mais ce sera une marche de la colère. De toutes les colères urbaines. Parce que la destruction du “Marseille populaire” n’a pas commencé le 5 novembre à Noailles. Depuis bien longtemps les autorités locales mènent une guerre sans relâche contre les populations précarisées du centre-ville et des quartiers : Euromed 1 (Rue de la république, la Joliette vidée et rasée), Euromed 2 (casse du marché aux puces, remplacement des populations et des activités aux Crottes ou à Bougainville), les plans de requalification de la SOLEAM (La Plaine notamment), les vagues de délogement couplées à une spéculation immobilière sans scrupule et sans borne, l’abandon des cités avec dernièrement le cas de la Maison Blanche incendiée, le circuit infernal pour les sans-papiers ou les plus pauvres entre campement-expulsion-squat-expulsion-marchand de sommeil...

Oui, nous honorerons les martyrs de la rue d’Aubagne. Tué.es à cause de la chute d’un immeuble MU-NI-CI-PAL (propriété de Marseille Habitat), signalé par des tas d’expert comme “en situation d’effondrement imminent” depuis plus de 5 ans. Tué.es parce que leurs proprios (des élus rappelons-le, dont Xavier Cachard, l’avocat de Renaud Muselier, des syndics foireux, certainement liés à des sociétés immobilières, que l’on retrouve dans de très nombreux cas d’expulsion-délogement comme Porte d’Aix) ont laissé pourrir les habitations, pour se goinfrer encore plus de pognon. Les 8 de la rue d’Aubagne ont été purement et simplement assassiné.es. La guerre aux pauvres dans la ville de Marseille est sanglante.

Et, comme à l’accoutumée dans ce genre de situation, pour maintenir leurs privilèges et se protéger, les responsables du massacre se planquent derrière des armées de flics. Qui n’ont eu de cesse de tabasser, ratonner. Et de tuer encore. Zineb Redouane, habitant.e de Noailles. La brutalité policière débridée a également contribué à exacerber les violences sexistes des milices privées qui défendent les chantiers et les lieux de pouvoir. Un an de répression tous azimut, banalisée et élargie à l’ensemble de la société révoltée, avec comme seule réponse des coups, des arrestations, des condamnations, des emprisonnements, chaque week-end de protestation. Quand certains collectifs militants et des délogé.es ont patiemment joué le jeu de la cogestion avec les autorités métropolitaines et étatiques (Fructus, Ruas, Préfet, ministre du logement...), ces derniers se sont bien marrés de tant de gentillesse... puis se sont littéralement torchés avec la prétendue “Charte du relogement” à la première occasion ! Pas un seul n’a démissionné !

Depuis le 5 novembre : 4000 délogé.es, 359 immeubles expulsés dans des tas de quartiers. Rien n’a changé, sauf le prix du mètre carré.

Avouez qu’il y a de quoi être en colère, non ? Le mot est faible...

Alors depuis un an, on s’est serrés les coudes : assemblées de quartier, collectifs d’habitant.es, squatteurs, gilets jaunes, syndicalistes, exilé.es en révolte ici pour leurs frères et sœurs qui se battent au pays. Toi et moi. On a tenté de sortir la tête du nuage de lacrymo. On a lancé l’occupation de dizaines de logements vides, des petits et des très grands comme St Just, on a réoccupé nos places publiques éventrées par les chantiers du nettoyage social, on s’est rencontré entre quartiers, on a ouvert une Maison du peuple et d’autres espaces occupés et autogérés, on a continué l’accueil des exilé.es tant bien que mal, on a manifesté, beaucoup, discuté beaucoup aussi. On a fait la fête aussi, dansé. On s’est donné la force.

On sera a nouveau présent.es ensemble samedi 9 novembre dans la rue.

Car s’il est un moment historique qui a été raté c’est bien celui du renversement des responsables du massacre.

Gaudin, Vassal, Fructus, Ruas, Chenoz, Nunez, Castaner... : du sang sur vos mains, dans vos bouches des cadavres.

Vous voulez nous chasser ? Nous vous chasserons.

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