Que les choses soient claires, on dit jamais non pour bien manger avec des gens qu’on aime. Pour nous, c’est pas noël la question. Pour nous ça fait bien longtemps que le Grinch est passé de toute façon. On est nombreux et nombreuses à enchaîner les boulots de merde toute l’année et à galérer tous les mois. On trime dans des emplois mal payés pour finalement retourner pointer à Pôle Emploi ou à la CAF. On est jamais franchement rentré dans le marché de l’emploi, de toute façon ça fait 40 ans qu’il y a plus de place. Et maintenant on nous annonce qu’en plus on est quasiment sûr de se retrouver à pointer aux minimas sociaux jusqu’à la mort. Il faut pas nous prendre pour des cons. Si ta retraite est calculée sur toute ta carrière plutôt que sur les meilleurs années on sera les premiers à morfler avec nos longues années de galère sans même avoir l’espoir de réussir à se caler un jour. C’est pas une question de décote ou d’âge pivot, dès maintenant on a déjà perdu et on atteindra jamais le nombre de points qui nous assurerait une retraite confortable. Condamné à cumuler les retards de points sur les chanceux qui triment en CDI pour galérer en fin de mois… paye ta perspective. Après avoir été travailleur pauvre, on gouttera la joie de devenir retraité pauvre.
Alors quand un connard en costard débarque sur les écrans pour regretter, la larme à l’œil, que le noël des Français soit sacrifié par les grévistes, ça a du mal à passer. Ces bâtards encravatés qui se succèdent depuis 30 ans pour nous faire gober la soupe de l’austérité, on arriverait même à finir par penser qu’ils sont culottés. On arriverait même à penser qu’ils nous prennent pour des cons.
Ils espèrent nous faire gober qu’on pourrait être gagnant en faisant un système qui revient au fond à faire la moyenne de toute notre vie de travail plutôt que de nos meilleures années. Quand on sait que c’est chez les personnes qui ont commencé à entrer sur le marché du travail à partir des années 2000 que les gens galèrent le plus à entamer une carrière stable, l’entourloupe prend une toute autre saveur.
Alors si c’est pour perdre des milliers d’euros quand on sera vieux et fatigué on peut se permettre à continuer à perdre des thunes et du temps maintenant.
Si le 19 la réforme est pas enterrée, on pourra encore aller manifester le 24 décembre et si le 24 ils ont toujours pas compris, on pourra le répéter le 26. Entre temps, on va continuer la grève, on va œuvrer à étendre le blocage du pays. Peut-être même qu’à force, on va finir par en avoir marre qu’on nous écoute pas… peut être qu’on l’aura notre Bûche de noël.
des précaires