Un an déjà qu’ont débuté les travaux sur la Plaine. Aux bouleversements du mode de vie des personnes habitant et fréquentant le quartier, s’ajoutent des conséquences largement invisibilisées. Gardés jour et nuit par des vigiles de la société AMGS, un sous-traitant de la Soleam pour les activités de surveillance, les abords du chantier sont le lieu d’agressions à caractère lesbophobe, transphobe et sexiste.
Dès le début du chantier, des femmes et des personnes dont le genre est flou au regard des vigiles ont subi des discours injurieux sur leur apparence physique, des insultes, des menaces de viol, des exhibitions de parties génitales, des séquestrations à l’intérieur du chantier, des coups et des passages à tabac, des gazages à la lacrymo, parfois à bout portant, des jets de pierres...
Il y a deux semaines encore, deux meufs ont été agressées par les vigiles du chantier ; deux autres meufs, témoins de la scène, sont intervenues pour s’opposer, et les 4 ont été embarquées par la police pour 16h de garde à vue ! La police, qui elle aussi perpétue quotidiennement des violences de toutes sortes sur la Plaine et ailleurs, continue de prendre le parti des agresseurs, tout comme elle protège la poursuite de ce chantier et les intérêts de la Soleam.
En réponse à ces violences spécifiques, nous appelons à un rassemblement suivi d’une MARCHE FEMINISTE EN MIXITE CHOISIE SANS MEC CIS* le JEUDI 10 OCTOBRE à 19h sur LA PLAINE.
*cis, ou cisgenre : se dit d’une personne qui se reconnaît dans le genre qui lui a été attribué à la naissance (par opposition à transgenre)
Nous ne craignons pas la Soleam, ses employés, ses multiples affronts ! Loin de nous démoraliser, ces agressions décuplent notre colère contre cette société de la surveillance qui s’attache à gérer nos déplacements, à façonner notre décor et qui tente de mouler nos corps et nos comportements à cette image.
Les discours sécuritaires sur lesquels s’appuient les politiques de rénovation des villes se font en partie sur notre dos. La vidéo-surveillance, les places nettes et aseptisées où les personnes ne sont censées que circuler et consommer, la gentrification qui éjecte celles et ceux qu’elle a nommé.e.s comme indésirables de nos espaces publics et privés sont autant de manières de faire croire à la création d’espaces sécurisés pour les femmes et les personnes LGBT (lesbiennes, gay, bi.e.s, trans).
Force est de constater que ça n’est pas le cas ! Ce n’est pas aujourd’hui que la police va commencer à nous protéger, et d’ailleurs nous ne l’attendons pas pour organiser notre défense ! Et nous ne laisserons pas l’État et la ville instrumentaliser nos luttes féministes à des fins sécuritaires et de défense des intérêts des riches !
Par ailleurs, ces mêmes discours stigmatisent comme ennemi intérieur des hommes racisés et pauvres. Dans le cadre de ce chantier, d’autres hommes, majoritairement cis, blancs, bourgeois, et qui détiennent le pouvoir de décision, les embauchent, les placent dans une position de confrontation avec les habitant.e.s, les arment et leur délèguent le sale boulot. Certes, nous dénonçons les agressions commises par les vigiles du chantier, et ne minimisons par leur responsabilité, mais nous dénonçons avant tout le système classiste et raciste par lequel ils sont instrumentalisés. Les violences sexistes, transphobes et lesbophobes ont lieu de jour comme de nuit, dans les bureaux des hautes sphères comme dans la rue. De jour comme de nuit nous continuerons à occuper la Plaine et la ville selon nos volontés. Crame la société cishétéropatriarcapitaliste suprémaciste blanche !
Ces différentes tentatives d’intimidation et de coercition ne feront que renforcer notre détermination à lutter contre la rénovation urbaine et les multiples oppressions qu’elle entraîne.
Pendant le week end des 11, 12, 13 octobre, auront lieu sur la Plaine des célébrations et protestations pour l’anniversaire des 1 an du début des travaux, et de la fin du marché populaire de la Plaine. A cette occasion, nous récolterons d’autres témoignages d’agressions, n’hésitez pas !
Plaines de rage ! Les rues sûres sont les rues pleines de nous !
Vivent les zonard.e.s !
Vivent les plainard.e.s !