« Quand le pillage commence, les tirs aussi. »

Le 25 Mai 2020, George Floyd, un homme afro-américain de 46 ans s’est fait tuer par Derek Chauvin, officier de police de Minneapolis (Minnesota), qui s’était agenouillé sur son cou. Cet énième meurtre par la police à embrasé le pays. La réponse “politique” a été de prendre ces attaques contre des propriétés commerciales et des infrastructures policières avec davantage de sérieux que les manifestations de milices d’extrême-droite en arme des semaines passées, et l’ensemble des forces de polices ainsi que la garde nationale (sorte d’armée intérieure) ont été mobilisé.e.s contre les émeutièr.e.s. Ce texte est la perspective d’une personne s’étant activement impliqué dans la lutte contre la suprématie blanche et pour un monde meilleur au cours de sa vie. Il viens d’Alabama, l’un des états les plus marginalisés du pays, et il est plutôt rare en Europe d’entendre la voix d’une personne de cette région, et d’autant plus si elle est noire. Il répondait à un ‘’tweet’’ du président Trump encourageant la police à tirer à balles réelles sur les manifestant.e.s.

« Quand le pillage commence, les tirs aussi. »

Pour celleux qui ne se rendent pas compte de ce que ça veux dire, ce tweet met en lumière quelque chose que j’ai moi même réalisé il y a longtemps. Quelques chose qui m’est resté à l’arrière de la tête depuis ma jeunesse. Moi, et les gens qui me ressemblent sont des cibles ouvertes. De simples corps de chair pour s’entraîner au tir. Je m’imagine certaines personnes souriant à l’idée même de tester leur artillerie en particulier sur des gens noir.e.s. Je vie dans un monde dans lequel je me réveille en me rappelant de ça tout les jours. Mais regarde les gens éviter le sujet comme s’il n’y avait rien a en dire. Comme s’il n’y avait rien a remarquer, corriger ou réconcilier. Je vie dans un monde dans lequel je suis en permanence en train de me répéter. À mettre à plat ce qui est vu, pour une audience et/ou une communauté qui y est sourde et aveugle.

Illes lynchent des gens en direct à la télévision et arrêtent les gens qui filment. Illes tuent tellement de gens que nous n’avons même pas le temps de nous remettre d’un meurtre que le suivant arrive déjà. Quand j’étais enfant, à l’école élémentaire, j’ai commencé à tomber sur des histoires sur le Klan. Mais l’image la plus terrifiante que j’ai vu étaient les photos de l’enterrement d’Emmett Till. Pire que ça fut le moment où j’ai commencé à trouver des photos de meurtres les unes après les autres. Au moment où j’en suis arrivé à la fin de l’adolescence, j’en avait tellement vu de cette brutalité documentée que je ne pouvais que me demander le poids que j’allais porter pour le reste de ma vie. Parce que je savait que quelque soit la situation, ce corps pendu, ou jeté là dans un feu serait soit le mien, soit celui de l’un.e de mes ami.e.s. Où quelqu’un.e de notre famille. Le truc c’est que j’ai grandi avec cette peur déjà présente, et toutes les fois où j’ai eu affaire aux autorités locales et aux flics d’autres villes l’ont complètement solidifiée en moi.

J’ai vu des flics se tenir sur les cous des gens sur Seminole Drive plusieurs fois. J’ai regardé des groupes d’officiers de police tabasser un homme non-armé et le gazer au point que son visage suintait du pus et du sang. Il n’a pas pu ouvrir les yeux pendant des semaines. Je me suis fait suivre et cibler par un flic du coin de manière répétée. Et elle est montée en grade après ça. C’était il y à déjà 10 ans, et nous en sommes encore là.

Mes ami.e.s et ma famille m’ont toujours dit s’inquiéter pour moi parce que j’étais surtout un piéton pendant la majeure partie de ma vie. Et je comprenait leur inquiétude, mais je ne le pensait pas de la même manière. Je me disais que si j’avais à marcher pour faire quelque chose, je le ferait. C’était déjà tendu pour moi de marcher seul à cause des gens un peu timbré.e.s en général par ici. Mais au cours de ce mandat présidentiel, l’ignorance et la haine ont été concentré et encouragé d’une manière sans-précédent.

À toutes les personnes qui veulent aller dire « Mais pourquoi est-ce qu’illes brûlent leurs propres quartiers ? » j’aimerai poser une question.

Pourquoi est-ce que c’est quand les flammes commencent que le quartier devient automatiquement « le leur » ? Si les communautés dans lesquelles mes frères et sœurs se font assassiner leur appartiennent, et que c’est le rôle d’un officier de protéger la-dite communauté, alors comment est-ce que tu appelle ça quand ces dit-protecteurs deviennent meurtrièr.e.s ? Ces quartiers ne leur appartiennent pas, de la même manière que l’épicerie et les magasins en bas de la rue ne m’appartiennent pas. Merde, même ma maison ne m’appartient pas. Et quiconque pousse cette rhétorique est l’ignorance incarnée. Si c’est tout ce que tu a à contribuer à cette discussion, merci de partir par la porte de service.

Pour celleux d’entre vous qui se sont sorti.e.s du rang pour aller vers quelque chose de plus qu’une stase et une acceptation de cette réalité grotesque, merci. Ça m’a grandement réchauffé le cœur de voir des gens de toutes couleurs se rassembler et au moins parler contre cette violence et brutalité.

Et pour ce qui est des silencieux.ses, pour les gens qui font des erreurs d’interprétations des mots et des héritages des meneurs de nos droits civiques, pour celleux qui ne connaissent QUE Martin et Malcolm, je vous présente le problème. Votre silence est assourdissant. Votre absence dans ce débat me fait comprendre exactement où vous êtes. Votre manque de volonté de même vous poser des questions sur ce à quoi la réalité ressemble, sent est criant, en particulier parce que je suis ‘’supposé’’ me sentir en sécurité parmi vous. Mais ce n’est pas le cas. En particulier parce que par prudence, je suis sensé détourner le regard et laisser passer votre manque de compréhension évident. Je me refuse à le faire. Et puis je me refuse m’étendre davantage. Je ne pense pas qu’il m’incombe d’éduquer les gens sur les raison pourquoi tout ceci est mauvais. J’espère que mes mots pourront vous inciter à chercher et trouver ça par vous même. Pour la plupart, nous savons déjà exactement ce qui se passe et pourquoi ça ne va pas.

« Quand le pillage commence, les tirs aussi. » -Donald Trump

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