Beaucoup s’interrogent : pour qui se construisent, se transforment les villes aujourd’hui ?
Traditionnellement, la ville était pensée, construite et gérée par et pour ceux qui y vivent, ses habitants. La valeur d’usage était prioritaire, c’est-à-dire l’intérêt commun, la satisfaction des besoins humains hors logique marchande. Mais aujourd’hui, la ville elle-même « devient dispositif matériel propre à organiser la production, à contrôler la vie quotidienne des producteurs et la consommation des produits » (Henri Lefebvre, in Le droit à la ville, Paris, Éditions Anthropos, 1968). La valeur d’échange prime et modifie en profondeur les rapports sociaux.
Le cas de la ville de Marseille est exemplaire de ces transformations : La ville est-elle conçue et construite pour ceux qui y habitent, travaillent, passent, ou comme objet et vitrine marchande pour ceux qui la visitent ? A quels imaginaires obéissent la stratégie d’« embellissement », la privatisation des espaces publics, la localisation des équipements culturels, la construction de « tours » ? Dans un centre-ville qui souffre cruellement du mal logement, manque d’équipements de base pour l’enfance ou la lecture publique, l’oligarchie dirigeante agit elle d’abord pour le « confort résidentiel » des habitants, ou plutôt pour le « confort urbain » des visiteurs ou habitants espérés ?
La revendication du « droit à la ville » peut-elle donner un sens commun aux initiatives foisonnantes pour le droit au logement, à la culture, aux espaces verts, aux services publics ?
Après une présentation rapide des thèses de Lefebvre, il vous sera proposé une lecture participative des « plans touristiques » de Marseille et Hambourg ; on entendra comment le « droit à la ville » s’est affirmé dans la transformation de Hambourg.
Nous reviendrons à Marseille pour un panorama de la ville future qu’imaginent nos gouvernants, et sa mise en débat. Enfin nous finirons en travail en groupe pour refléter la diversité des différents champs de résistance, ou de créativité, des acteurs des luttes urbaines locales, autour de la question : Quel imaginaire populaire de Marseille demain pour guider nos revendications et aspirations ? à vos témoignages, et peut être plus, pour l’après !