Qui a financé le local de l’Action française ?

L’Action française Provence essaye de faire croire que l’ouverture de son local rue de Navarin à Marseille était une initiative d’une poignée de militants locaux. Pourtant, l’examen minutieux des souscripteurs de la SCI qui finance le projet révèle une toute autre réalité, car c’est surtout l’AF nationale qui est à la manœuvre.

L’Action française (AF) bénéficie depuis longtemps (et encore aujourd’hui) d’une réputation de « centre de formation intellectuelle » héritée de son histoire et de sa longue pratique des conférences : mais son activité ces dernières décennies se limitait à prendre l’air une ou deux fois par an pour commémorer la mort de Louis XVI et ou honorer Jeanne d’Arc, à organiser des conférences confidentielles et à vendre son canard à la criée. Et puis arriva la mobilisation contre le mariage pour tous qui va être une véritable aubaine pour le plus vieux mouvement nationaliste français.

Mettant à disposition leur logistique et leur service d’ordre, l’AF va rafler la mise alors que le Front national comme les Identitaires (qui tenaient alors le haut du pavé en matière d’activisme), n’ont pas su prendre la mesure du mouvement et sont passés à côté, d’autant plus qu’ils étaient les uns et les autres quelques mois plus tôt sur une ligne « laïco-républicaine » pas trop compatible avec le mouvement catho-réac naissant. L’AF va ainsi réussir à se débarrasser en partie de son image ringarde à la fois par une utilisation intensive des réseaux sociaux (et une volonté féroce de « faire jeune », comme le montre la vidéo ci-dessus, qui laisse songeur tout de même) et par un nouvel activisme de rue : elle voit alors affluer dans ses rangs une jeunesse encore le plus souvent issue de la droite traditionnelle, mais qui cherche où trouver de quoi répondre à son envie d’activisme.

C’est dans ce contexte qu’à Marseille, l’Action française Provence s’est lancée depuis trois ans dans l’achat d’une cave, transformée en permanence et en salle de réunion. Installé non loin d’un quartier populaire fortement libertaire, ce local s’est vite transformé en Fort Apache assiégé par les Indiens antifascistes, une situation largement dramatisée par l’AF dans sa stratégie de communication.

On sait que l’extrême droite française aimerait faire croire, comme le GUD à Lyon avec son « Bastion social », qu’à l’instar des gauchistes, elle est aussi capable monter des projets de centres sociaux rien qu’à la force du poignet de ses militants. C’est pourquoi l’acquisition de ce local, situé dans la rue Navarin, est présentée par l’Action française comme un projet qui ne doit rien au mouvement national, mais qui aurait été uniquement rendu possible par l’investissement personnel d’une trentaine de militants marseillais. C’est en tout cas la fable que raconte Jérémy Palmieri, alias Bizu, le responsable de l’AF Marseille dans une vidéo mise en ligne en décembre 2015 sur le site d’Égalité & Réconciliation (E&R).

Évidemment la réalité est tout autre. Comme on va le voir, celles et ceux qui ont rendu l’acquisition de ce local possible ne sont pas une trentaine, mais seulement 19, dont la moitié seulement habite Marseille, et dont aucun n’habite ni ne travaille dans le quartier de la rue Navarin. Preuve d’ailleurs que l’AF se doutait qu’elle ne serait pas bien accueilli dans le coin, c’est sous un faux nom et un faux prétexte qu’elle a réussi à devenir propriétaire de sa cave.

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