Mardi 14 mai un fourgon de la police pénitentiaire a été attaqué dans l’Eure par un groupe de personnes armées dont l’objectif était de libérer un prisonnier. Dans l’attaque, deux matons ont été tués et trois autres ont été blessés. Les syndicats de police pénitentiaire (FO, CGT, UNSA) et le ministre de la justice n’ont pas hésité à se mobiliser pour demander encore plus de moyens et déplorer les conditions de travail des maton·ne·s. Entre autres, les maton·ne·s demandent à être mieux et plus armé·e·s et invoquent le recours à la visioconférence, notamment pour les détenu·e·s considéré·e·s "particulièrement surveillés". En terme d’équipement, ils veulent un déploiement accéléré des brouilleurs de téléphones portables ainsi que le contrôle des drones et une égalité de traitement en matière de moyens entre la métropole et les drom-com. D’ailleurs, dans les mêmes jours de l’attaque dans l’Eure, dans une prison à Noumea, en Nouvelle Calédonie,où les révoltes des derniers jours sont lourdement réprimées, trois matons ont été pris en otage lors d’une mutinerie. L’un d’entre eux aurait été grièvement blessé.
Suite aux événements dans l’Eure, les maton·ne·s ont lancé un appel à mobilisation, avec des nombreux blocages devant plusieurs prisons.
Le 15 mai devant la prison de Baumettes, à Marseille, il y avait une grosse centaine de maton·ne·s devant l’entrée des parloirs, qui bloquaient l’entrée. Ils et elles brûlaient des palettes et globalement discutaient entre elleux. Il y avait aussi des journalistes qui ont interrogé les maton·ne·s, probablement prêt·e·s à sauter sur l’occasion pour amplifier les pleurnicheries des maton·ne·s, et les personnes venues visiter leurs proches en prison.
Personne n’avait été prévenu : certain·e·s étaient venu·e·s, même de très loin, comme tous les jours devant la prison pour se voir refuser le parloir à cause du blocage. À l’intérieur aussi, ils et elles ont caché ce qui se passait et ont dit aux personnes qui avaient des parloirs de se préparer pour le parloir pour éviter des protestations.
Les ouvrier·e·s qui travaillent sur le chantier de la prison n’ont pas travaillé non plus aujourd’hui. Il leur a été signifié que la journée leur serait payée mais pas travaillée.
Très vite la directrice de la prison, le maton-chef des parloirs et la directrice du SPIP sont venu·e·s parler avec les proches pour dire qu’il n’y aurait pas de parloirs aujourd’hui, et que demain ils savaient pas.
Très visiblement l’administration de la prison essaie de calmer le jeu pour ne pas que la tension monte ni à l’extérieur ni à l’intérieur. Comme dans toute mobilisation de maton·ne·,qu’elles prennent la forme de grèves ou de blocages, les conséquences sont lourdes pour les prisonnier·e·s et leurs proches : parloirs retardés ou supprimés, activités annulées, libérations et permissions repoussées, promenades raccourcies ou inexistantes, absence de cantines, distributions aléatoires de la gamelle et du pain, manque de soins médicaux, jusqu’à la séquestration totale en cellule dans certains établissements.
Le fait que les revendications des maton·ne·s ne visent en aucun cas à "améliorer" les conditions de détention, mais seulement à les rendre plus efficaces dans leur travail de répression et de contrôle par la violence, en est la confirmation. La mobilisation risque de se poursuivre dans les prochains jours, avec les lourdes conséquences sur la vie des proches de prisonnier·e·s.
De plus, les syndicats de police pénitentiaire appellent cette mobilisation "prison morte", en exigeant la tutelle de leur vie qui serait mise en danger par leurs conditions de travail.
Nos pensées vont à tou·te·s les prisonnier·e·s - en moyenne 200 par an, dont plus de la moitié pour suicide - qui meurent régulièrement, tué·e·s par la prison.
Dans les deux dernières semaines trois détenus sont morts dans les prisons des Baumettes, Nîmes et Luynes. Aux Baumettes, des rumeurs circulent autour des responsabilités des maton·ne·s.
Que la mort soit due aux coups des maton.n.e.s ou à un suicide, c’est toujours la prison qui est responsable !