Revue de presse migratoire partielle de la semaine dernière

Allemagne, Algérie, Aquarius et Passamontagna. L’europe externalise ses frontières, en sous-traite une gestion ultra-violente et décompléxée et assume une représsion féroce des voix dissidentes.

Le porte-monnaie Allemand

Cette semaine on a appris qu’Angela Merkel avait réussi à faire accepter à l’Algérie de reprendre tous ses ressortissants présents illégalement en Allemagne. Ce faisant elle poursuit son opération de tri entre bons et mauvais migrants, sur fond d’une montée d’une extrême droite ultraviolente. L’Allemagne avait déjà réussi à obtenir ce genre d’accord en 2017 avec la Tunisie, moyennant une subvention de 250 000 €. Elle avait déclaré au passage que "ceux qui ne sont pas habilités à bénéficier de la protection de l’Allemagne devront quitter le pays, si possible pacifiquement et au besoin par la force". La force à laquelle il doit recourrir s’il veut toucher l’argent européen, le président Algérien l’a bien en tête. Il s’est au passage autocongratulé pour son action anti-migrants puisqu’il réussirait à repousser 20 000 à 30 000 personnes par an. Il en a ainsi profité pour nier l’abandon en plein désert des personnes venant d’Afrique subsaharrienne. En mai dernier, l’OIM parlait déjà de plus de 13 000 personnes battues puis lachées dans la fournaise sans eau ni nourriture. Un grand nombre d’entre elles y sont mortes, en Juillet le site Info Migrants le dénonçait à nouveau.

Les gardes-côtes sous-traitants

Preuve que l’externalisation de la gestion des migrations ne réduit pas la violence que subissent les personnes en exil durant leur parcours. Au contraire elle se fait plus crue, jusqu’à la criminalisation des réseaux d’aide, bien illustrée par la catastrophe du sauvetage de personnes au large de la Lybie par l’Aquarius ce week-end. " Vous connaissez Tripoli ? Vous voulez venir faire une petite visite à Tripoli ? " leur ont lancé les gardes-côtes Lybiens voulant les empêcher de secourir un bâteau qui pennait l’eau. Après cet épisode, l’équipage parle d’une possible fin de ses missions de sauvetage. Dimanche, la cohabitation précaire qui existait entre les humanitaires et les autorités libyennes a volé en éclats. Déjà, la veille, l’Aquarius avait appris qu’il allait perdre son pavillon pour la deuxième fois en un mois. Après Gibraltar, le Panama, sous la pression de l’Italie, a décidé de révoquer son immatriculation, après que le bateau a porté secours jeudi à onze hommes en mer, et refusé de les remettre à la Libye. D’après le Panama, l’Italie pour qui "le bateau ne respecte pas les procédures juridiques internationales en matière d’immigrants et de réfugiés secourus en mer Méditerranée. [...] Le navire a refusé de ramener les migrants et réfugiés secourus à leur lieu d’origine. ". D’un côté, des humanitaires qui considèrent qu’il est de leur devoir de sécuriser au plus vite des personnes en détresse et de l’autre des gardes-côtes à qui l’on demande de freiner les départs de migrants, à grand renfort de deniers européens.

Le golf de la discorde

L’absurdité de ce traitement politique et médiatique qui passe sous silence l’existence des personnes au profit d’un affrontement binaire entre pro et anti a par ailleurs été merveilleusement mis en acte par le torchon qu’est le dauphiné au sujet du campement autogéré Passamontagna de ces derniers jours à Briançon. N’ayant aucun intérêt pour le contenu des discussions qui s’y sont tenues et malgré que le programme était disponible bien en amont, le journaliste s’est borné à relayer, sans plus d’investissement que pour un match de ping-pong, le déroulement, vu côté flics, et l’indignation de la préfète des hautes alpes devant la dégradation d’un golf. Probablement "Pour éviter que la lutte idéologique ne dégénère en manifestation plus contestataire" comme le dit ce journaliste anonyme, il semble s’agir pour l’Europe, en repoussant la gestion du problème migratoire de l’autre côté de la méditérrannée, de pouvoir au passage museler toute opposition à ses politiques en faisant disparaître les personnes qui les subissent de plein fouet.

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