Solidarité avec Claire, condamnée pour avoir aidé des migrants

Le 18 décembre 2015, Claire, retraitée et militante associative, était condamnée à 1500 euros d’amende par le tribunal de Grasse pour avoir aidé deux personnes à aller prendre leur train en les emmenant en voiture à Antibes du fait des contrôles policiers à la gare de Nice.

Un rassemblement de soutien regroupant diverses associations ou collectifs de lutte a été organisé devant le tribunal en question, mais la police laissait très difficilement rentrer dans l’enceinte du tribunal toutes ces personnes qui comme Claire estiment que la solidarité est une chose fondamentale et se battent en ce sens, chacun à sa manière.

Ce qui était reproché à Claire, c’était d’avoir "facilité, par aide directe ou indirecte l’entrée irrégulière, la circulation irrégulière, le séjour irrégulier de deux étrangers en France". Autrement dit, de n’avoir pas succombé au matraquage xénophobe et nationaliste, ce dans quoi la cuvée 2015 a plus que largement excellé, et d’avoir vu chez les deux jeunes personnes à qui elle a rendu service de simples humains en détresse.

Le tribunal a justifié la condamnation en déclarant que contourner le barrage de police était en effet un délit puisque celui-ci ne les aurait en aucun cas menés "dans une situation mettant en danger leur dignité ou leur intégrité physique".
Il est en effet bien connu que la police est une entité tout à fait neutre, respectable, soucieuse du bien-être des personnes qu’elle contrôle, frappe, assassine, mutile, viole, encage et terrorise. Une police qui, bien évidemment, ne laisse jamais ses opinions politiques (des gauchistes bien connus) rentrer dans le cadre de leurs fonctions. Rien qui ne soit en mesure de potentiellement mettre en danger "l’intégrité physique ou la dignité", donc, cela justifiant la condamnation.

Devant une pareille aberration, il a été fait appel de la décision. Si cela faisait jurisprudence, on peut s’amuser à s’imaginer ce qui s’ensuivrait pour toutes les personnes qui apportent une aide effective aux personnes migrantes ou inopportunes.

C’est pourquoi il faudrait que le genre d’acte pour lequel a été jugée Claire, somme toute relativement banal et simple à réaliser (offrir une place dans une voiture, ce n’est pas la fin du monde) devrait être reproduit et multiplié. Parce qu’il y a une réelle portée politique dans la mise en acte de cette solidarité et que celle-ci doit se diffuser, peu importe qu’elle soit illégale ou non. Offrir un lit, une place en voiture, un billet de train, de quoi manger, des vêtements, fournir des informations juridiques, éviter les rafles, dénoncer les politiques racistes et la xénophobie latente, s’organiser contre l’oppression et le monde qui a besoin que ces frontières existent sont des choses à la portée de tous et toutes.

Et si cela est illégal, alors nous appelons à une illégalité diffuse dans laquelle chaque personne pourra trouver sa propre façon de s’inscrire pour la construction d’un monde solidaire et sans frontières. Et nous appelons à ne pas collaborer avec les services de l’Etat qui trient, humilient, enferment, expulsent.

Solidarité totale avec Claire et avec les personnes migrantes.
Pour un internationalisme de lutte.
Pour la liberté de circulation et d’installation et la destruction totale des frontières.

PS :

Lire un autre témoignage sur Mille Bâbords.
Une pétition de soutien a par ailleurs été mise en ligne par RESF à cette adresse.

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