Après les violentes rafles et expulsions de ces dernières semaines, alors que les naufrages en Méditerranée continuent de se multiplier et qu’un rassemblement du parti d’extrême-droite xénophobe Ligue du Nord avait lieu devant l’église qui héberge des migrant-e-s à Ventimiglia, plus de 400 personnes sont parties en manifestation spontanée ce 2 juillet afin de tenter de passer toutes ensemble la frontière à Vintimille pour rejoindre le territoire français.
Le cortège s’est dirigé sur la route en direction de la France, mais a rapidement été bloqué au niveau du Forte dell’Annunziata par des cordons de police italienne.
D’autres, qui avaient été repoussées en Italie par la police française, se sont jointes au mouvement.
L’association Caritas, qui héberge une partie des migrant-e-s dans l’église de la ville et distribue des repas, c’est-à-dire l’administratrice de la misère, a tenté des négociations, qui n’ont abouti à rien jusqu’à présent. Les migrant-e-s refusent de manger et de retourner vers l’église, et préfèrent demander l’ouverture de la frontière pour tous et toutes. La nourriture apportée par la mosquée est également refusée. Seules les vivres apportées par des soutiens sont acceptées.
Entretemps, de nombreuses actions de solidarité ont eu lieu dans d’autres villes italiennes, et ce notamment à Milan ou Bologne, pour protester contre les rafles dans les trains ou encore pour pointer du doigt la différence de traitement octroyée aux touristes et aux migrant-e-s, afin de faire valoir la liberté de circulation.
Au moins 200 personnes ont tenu la position toute la nuit et dormi sur place, tandis qu’un groupe de gens veillaient afin de surveiller les agissements de la police, toujours proche. Les tentatives de passage ont repris ce matin du 3 juillet, malgré des charges de police et des coups de matraques distribués gratuitement ici et là, comme on peut le voir sur des vidéos publiées sur le groupe FB de No Borders Ventimiglia, et qui ont fait quelques blessés légers.
Des battiture (c’est-à-dire le fait de taper contre des objets en métal pour faire le plus de bruit possible) se font régulièrement entendre en protestation, et d’autres personnes solidaires se joignent à la mobilisation et qu’arrivent de nouvelles banderoles. De nombreux slogans se font entendre, parmi lesquels "Where is the freedom for refugees ?".
Le maire est également descendu pour tenter de négocier avec les migrant-e-s, exigeant de ne recevoir qu’une seule personne. Ceux-ci ont refusé la proposition et ont envoyé six personnes, et toujours en vue du groupe principal.
Jusqu’ici, la situation est bloquée, mais la détermination collective semble intacte.
Solidarité contre toutes les frontières, liberté de circulation !
Mise à jour du 4 juillet :
Selon les camarades de Radio Onda d’Urto, sur la page de qui on peut entendre un camarade raconter (en italien) ces deux journées, la maire de Ventimiglia est venu en personne pour poser un ultimatum chargé de menaces aux migrant-e-s.
Celui-ci disait en effet que le blocage de la route allait déclencher les forces répressives de l’état, qu’ils n’avaient aucun moyen d’y échapper, et que la seule façon de ne pas subir cette répression était de vider les lieux et de rebrousser chemin pour regagner les camps.
Ce n’est que vers 11 heures du soir, voyant que le nombre de gens se réduisait et que l’on savait que dès 17h30, des bus et des avions avaient été préparés pour déporter tout le monde vers le sud de l’Italie (certains ont déjà été repoussés six fois, pour revenir ensuite vers Vintimille). Il a été alors décidé de retourner vers l’église en manifestation tout en chantant des slogans contre les frontières.
Aujourd’hui, l’église est pleine, mais la menace des deux avions déjà prêts faisaient craindre une intervention de la police même si la route avait été libérée. La situation est pourtant "stable" pour le moment. On compte plus ou moins 700 migrant-e-s à Ventimiglia en ce moment.
Le maire, dans sa "médiation", a également annoncé qu’un camp serait prochainement construit, mais qu’il ne pourrait accueillir que 200 personnes environ, ce qui fait craindre aux activistes et aux migrant-e-s sur place une opération de "nettoyage général" de la ville, tandis que le flux de personnes continue de remplir Vintimille.
Encore une fois, solidarité contre les frontières, liberté de circulation pour tous et toutes.