Le 9 mars 2011, le centre de rétention administrative (CRA) du Canet partait en fumée. Plus de quatre ans après, le dernier inculpé doit encore repasser devant le juge.
Déjà en 2011, l’enfermement massif des migrants était de règle, et un jour, la violence s’est retournée contre les murs des prisons. Suite à un mouvement de révolte, quatre départs de feu sont constatés simultanément à l’intérieur du CRA du Canet, et le bâtiment est rendu inutilisable pendant plusieurs mois. Une quinzaine de personnes soupçonnées d’être à l’origine de cet incendie sont placées en garde-à-vue, puis six sont transférées aux Baumettes en détention provisoire. Ils sont peu à peu relâchés, et un dossier à charge est monté contre deux d’entre eux. Après quatre mois et demi de préventive, et à la suite d’une grève de la faim de cinq jours, le dernier de ces inculpés est relâché mais reste sous contrôle judiciaire. Le procès du 26 novembre 2013 le condamnera à un an de prison. Il attend depuis de repasser devant le juge pour un aménagement de peine. Il risque une assignation à résidence avec bracelet électronique, une forte amende ou, au pire, un retour à la case prison.
Les centres de rétention sont un des outils que l’état met à sa propre disposition pour gérer les populations migrantes. Ces personnes se retrouvent privées de liberté au seul motif de ne pas avoir respecté les règles relatives au franchissement des frontières et au séjour. De réfugiés, qu’ils soient politiques ou économiques, ils passent au statut de délinquant. Les maltraitances physiques et psychologiques constituent le quotidien des centres de rétention, allant de la surveillance constante des caméras aux fouilles corporelles, ou de la camisole chimique aux cellules d’isolement. Les fréquents incidents qui s’y déroulent depuis quelques années (émeutes, grèves de la faim, auto-mutilation, incendies volontaires) montrent la cruauté et l’inhumanité de ces centres. L’enfermement massif de migrants se révèle surtout inutile au regard des objectifs de « contrôle » des flux migratoires voulus aujourd’hui.
Rassemblement le 8 janvier 2016 à 8 heures devant le TGI au 6, rue Émile Pollak (6ème arrdt), pour soutenir le dernier inculpé des incendiaires du CRA du Canet...