Au delà de la plaine : « Le premier, quartier des arts », ou la gentrification de nos lieux de vie par crowfunding.

"Rejoignez l’aventure LE PREMIER ! faites un don [...] et recevez des contreparties exclusives". C’est bien de la gentrification par financement participatif qu’on essaye de nous vendre...

« L’art partout et pour tous ». C’est le titre d’un tract au format carte postale distribué aux abords du Théâtre du Gymnase ces derniers soirs. Cette même rue du théâtre qui se retrouve fermée et patrouillée au moment des entractes pour y créer une petite poche de bourgeoisie.

J’ai d’abord l’impression de relire le titre de la thèse d’Elsa Vivant sur la gentrification par les artistes, qui avait assez largement été diffusée pour contribuer aux discussions sur l’embourgeoisement : « réhabilitation des rues adjacentes au théâtre grâce à l’intervention artistique » ; « un nouvel espace se dessine et métamorphose la vie de quartier » ; « l’art comme ré-écriture urbaine ». Je m’étais pourtant habitué à moins évident. Après l’expulsion du squat le Soupirail à la fin de la trève hivernale 2015-2016, une sorte de petite galerie avait été brièvement ouverte mais elle aurait disparu aussi vite qu’elle serait arrivée. Les travaux continuent pour transformer une grande partie du quartier en logement pour les étudiant.e.s du Lycée Thiers. Une autre galerie similaire est apparue en haut de la rue de la Bibliothèque, proche de la plaine.

Mais le tract ne s’arrête pas là, et élabore un plan économique pour cette réhabilitation, en indiquant pour priorité la Rue du Théâtre et la place Thiers : À travers le financement du Fond Assami, et en partenariat avec une association, Planète Emergence, dont l’activité semble se résumer à la rénovation imobilière sous couvert d’action culturelle. Il est déjà possible de faire des dons déductibles d’impôt, à la fois pour les individu.e.s et les entreprises. C’est donc bien du premier plan de gentrification par crowdfunding qu’il est question et c’est à ce fait accompli que les habitants, commerces, structures associatives et culturelles et l’établissement universitaire, acteurs et actrices sont convoqués.

Donc on attend cette convocation qui ne viendra pas ou on commence à s’organiser ?

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