traduction d’un article de Colombia Plurial
Minga autochtone : « Les raisons de marcher ne manquent pas »
Environ 5.000 personnes arrivent à Cali à une manifestation pour protester contre les violations des droits humains dans leurs territoires et en solidarité avec Buenaventura, le département du Chocó et la Guajira. La Minga (ou grande marche) confirme un climat de protestation sociale qui traverse le pays.
Les pluies qui ont frappé la Valle del Cauca ces dernières semaines ont donné un répit à la Minga indigène a atteint la capitale le 23 mai fouettée par un soleil impitoyable qui n’a pas découragé les 5.000 IndienNEs ayant parcouru les 14,5 kilomètres qui séparent Jamundí de Cali. CommunardEs du Nord-Cauca, du Valle, du Huíla ou même d’Antioquia se sont concentréEs sur Jamundí tôt le matin pour crier leur indignation quant au harcèlement qu’iels vivent sur leurs territoires, mais aussi, en mettant l’accent sur la solidarité avec Buenaventura, le Chocó, la Guajira ou encore avec les enseignantEs et les étudiantEs dans le pays.
« Nous n’avons aucun autre moyen de montrer notre colère. Nous n’avons pas RCN (le fox news national appartenant à un gros propriétaire terrien multimilliardaire), c’ [la Minga] est notre moyen d’expression pour dénoncer le gouvernement de Santos, qui a seulement de « Saint » que le nom, explique un proche de 60 ans, qui, contrairement à la plupart, ne baigne pas dans la sueur à l’arrivée à Cali et se dit prêt à marcher « aussi loin que nécessaire, autant de fois qu’il le faudra ».
La Minga est arrivée vers 14h30 à l’Université del Valle, où une table permanente des droits humains prendra place avant de marcher à la place de San Francisco où, devant le gouverneur de Valle del Cauca, se tiendra une audience publique sur la situation des violations des droits humains dans les territoires autochtones. Des représentantEs régionaux de tous les secteurs de l’Organisation nationale indigène de Colombie seront présentEs. « Le gouvernement a tenté de boycotter l’audience et d’empêcher qu’un grand nombre des commissaires régionaux puissent venir, mais ce qu’il n’a pas compris, c’est que c’est seulement la première Minga d’une longue série et que le peuple ne prend plus sur lui », dit un autre participant à la Minga.
Parmi les 5.000 manifestantEs, réuniEs par l’Association des conseils autochtones du Nord du Cauca (ACIN Çxhab-Wala Kiwe) il y a aussi des petites représentations de l’Organisation indigène d’Antioquia et le Conseil régional autochtone de Huila, entre autres.
Beaucoup de jeunes, d’enfants, de femmes et d’hommes à pieds sous un soleil écrasant ... et depuis les voitures bloquées par leur passage, pas un seul mauvais mot. En fait, certains klaxonnaient en signe de solidarité, d’autres criaient des encouragements. « Quelle dignité ! Nous devrions tous apprendre d’elleux et sortir dans la rue, dit un professeur d’université réfléchie créole ayant pris la route pour voir la Minga. »
Dans la manif, un groupe de jeunes afro. Ils ne sont pas du Pacifique mais de Guachené, situé dans le nord du Cauca. Emanuel et Brayan disent qu’ils marchent pour la paix, sans autre explication. Esperanza voit les choses plus clairement. Elle marche rapidement malgré les trois heures passées sous le soleil de plomb. Elle a rejoint la mobilisation depuis la réserve de Quintana parce que « le gouvernement fait des promesses qu’il ne respecte pas. »
Elles sont nombreuses les communautés à prendre la route panaméricaine mardi pour atteindre Cali et visibiliser la contestation. « Je pense que c’est un moment historique pour la Colombie, les gens ouvrent les yeux, regarde ce qu’il se passe à Buenaventura », insiste Angela. Les motifs qui l’ont poussée à se joindre à la Minga ? « Ils ne manquent pas... regarde : les violations des accords après la Minga de 2013 grève et blocages, les questions foncières, le manque de respect de la consultation préalable consultation des populations autochtones avant la mise en route de projets extractivistes ou impactants le territoire, les meurtres de nos frères et soeurs .... ». Son compagnon de marche note que bien qu’ils soient habituéEs à ce que le gouvernement ne tienne pas ses promesses, ils « continuent à exiger que les droits soient respectés, même dans cet état d’inconstitutionnalité permanente vécu en Colombie ».
« Nous sommes ici comme autochtones, uniEs pour appeler le peuple à réagir. C’est ce que nous faisons avec Buenaventura pour montrer ce qu’on peut faire ensemble et protester pacifiquement, dit Jairo, qui porte son fils de cinq mois dans les bras abrité sous un parapluie, pour le conscientiser depuis l’enfance pour qu’il dise plus tard que ses parents se sont battus pour lui laisser un héritage ».
« Tout s’est déroulé sans problème », dit un membre de la garde indigène de Toribio. Les participantEs se regroupent par communauté, leurs gardes indigènes veillant à ce que tout fonctionne bien et à la sécurité des participantEs. Edwin, coordonnateur de la garde indigène de Villa-Colombie explique sa venue « parce que de nombreuSEx dirigeantEs sont assassinéEs, parce que nous voulons que soit reconnus les territoires, nos territoires, les parcs naturels que nous devons protéger car ils veulent en faire du commerce et des bases militaires... »
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