De la Palestine au monde entier : octobre 2024

Traduction du texte "From Palestine to the World : October 2024" écrit par le collectif Queers in Palestine paru sur queersinpalestine.noblogs.org

Langage : inexprimable par la violence coloniale, résistant à l’effacement

Après un an de génocide en cours, de nettoyage ethnique, de tentatives d’expansion par le projet colonialiste sioniste, et de notre révolte mondiale permanente et inébranlable, nous délivrons un message de la Palestine au monde, alors que les mots ne peuvent exprimer l’ampleur de notre traumatisme collectif ni la résistance radicale que nous incarnons. Les mots s’effondrent alors que nous sommes témoins de la destruction des corps, des terres, des histoires et des futurs. Le langage ne peut plus porter le poids de notre souffrance, de notre colère, de notre chagrin sans fin. Il ne peut rendre justice à nos sentiments et à nos expériences. Alors que le capitalisme et le colonialisme exercent leur pouvoir de mort et de destruction sur le monde, nous restons déterminés à faire entendre notre voix, nous sommes toujours animé.e.s par la force de la vie, et nous avancerons toujours avec et vers elle.

Palestine et Liban : Une terre en souffrance et en combat.

L’entité coloniale sioniste perdure grâce au soutien et au financement des puissances coloniales et impérialistes. Ce sont les mêmes puissances qui ont établi l’accord colonial Sykes-Picot, fragmentant la Palestine, le Liban, la Syrie, la Jordanie et d’autres nations arabes en 1916 en imposant des frontières sur nos terres. Nous vivons avec les conséquences de ces systèmes. Nous incarnons profondément la connaissance de cette violence et avons essayé d’avertir le monde que ces puissances ne voient ni notre humanité ni respectent notre souveraineté. Les promesses de justice et de responsabilité du monde à travers les lois et institutions internationales coloniales ne font que reproduire la violence et le mal sans aucune transformation. L’existence même de ces puissances coloniales est construite sur la mort sociale et l’exploitation des autres. Les mêmes méthodes d’extermination qui ont été déployées à Gaza depuis octobre dernier sont maintenant également appliquées au Liban. Ils nous atteignent tous.tes – des outils de surveillance à la répression politique, aux armes pour des assassinats directs. Des sociétés aux autres structures coloniales, si nous ne détruisons pas ces systèmes, ils continueront de nous consommer.

Sionisme : Une menace pour l’humanité

Le colonialisme sioniste à été perpétré contre les terres du Yémen, du Liban, de la Syrie, de l’Irak et de la Palestine. Mais cela ne s’arrête pas là : le sionisme est une menace pour le monde entier. Alors que la Palestine est utilisée comme un terrain d’essai par l’entité sioniste pour développer des technologies d’oppression (y compris les cyberattaques et la guerre technologique) pour contrôler les gens et réprimer la résistance dans le monde entier, ces inventions sionistes sont exportées et utilisées pour la violence d’État afin de promouvoir l’expansion coloniale, impérialiste et capitaliste. L’influence de l’entité sioniste s’étend à la géopolitique et à l’extraction des ressources en Amérique latine et en Afrique – des projets miniers en Namibie, à l’extraction de diamants en Angola, et ’Cop City’ aux États-Unis – et son agression ne peut être contenue que par la résistance et l’abolition.

Le mythe de l’individualisme et de la division

L’individualisme est un instrument des systèmes de (néo)libéralisme, de capitalisme racial et de colonialisme. Il vise à détruire nos collectifs et nos pratiques communautaires par la fragmentation et la séparation – les un.e.s des autres, de la terre, de la planète et de l’univers, et de nous-mêmes. L’illusion de l’individualisation a séparation nie notre autonomie, notre souveraineté sur nos corps et nos terres. Nous résistons à ce mythe colonial de l’individualisme qui soutient des systèmes oppressifs. Nous sommes interdépendant.e.s et nos luttes sont interconnectées et intersectionnelles – il n’existe pas de libération individuelle. Personne n’est libre tant que nous ne sommes pas tous.tes libres.

Sur le chemin de l’abolition et de la transformation

Notre réalité, ainsi que nos vérités queer, féministes et radicales, ne peuvent pas être quantifiées. Elles ne peuvent pas être réduites à des données, à des écrans, à des images consommables.
La violence génocidaire que nous affrontons et à laquelle nous résistons chaque jour n’est pas un événement à enregistrer. Cette rupture profonde est une déchirure du tissu de la vie qui exige plus que de simples mots.
Cela exige une action et une transformation. Et cela nécessite l’abolition. L’abolition, non seulement par le démantèlement des prisons et la destruction de tous les systèmes carcéraux, mais aussi par le refus de toutes les structures qui cherchent à emprisonner et à tuer nos corps, nos désirs, nos terres, nos futurs. L’abolition est une confrontation directe avec les forces qui cherchent à nous effacer sur le chemin d’une transformation systémique et affirmant la vie ; c’est imaginer et construire radicalement un avenir différent de celui que nous connaissons actuellement.

Espoir comme pratique radicale

Nos corps sont épuisés par la souffrance, nos esprits meurtris par le poids constant de l’oppression. Dans ce territoire qui nous a été volé, où on vit le génocide à chaque moment, l’espoir est une pratique radicale. Nous sommes des guerrier.e.s, survivant.e.s, rebel.le.s. Nous ne serons pas anéanti.e.s. L’indifférence du monde entier est une trahison - nous le savons. Nous ne permettrons pas à notre déception de nous détruire. Alimenté.e.s par notre rage et notre douleur collectives, nous nous unissons et nous nous donnons de la force. Même en ces temps difficiles, nous canalisons notre espoir comme une force collective pour résister aux fondements mêmes de ce système d’injustice, en Palestine et partout. Nous survivrons non seulement au génocide, nous prospérerons - en réclamant la terre qui nous a été volée et en construisant un future libre des chaînes du patriarcat, du colonialisme et du sionisme.

Une lutte de transformation constante vers la libération collective

Un an après, nous continuons à appeler le monde à :
- être radical.e, fémniste, queer, intersectionnel.le, décolonial.e et abolitionniste dans nos résistances : nourri.e par la rage, l’amour et le désir de justice, transformation et libération collective ;
- résister à la narration coloniale hégémonique : n’arrêtez pas de parler de la Palestine avec vos adelphes, vos frères et soeurs queer, ami.e.s et communautée. Mettez en discussion le cadre colonial et islamophobe qui définit les voix palestiniennes et racisées antisémites ;
- intensifier toute forme de destruction du système colonial et capitaliste qui permet cette violence. Exprimer sa colère et attaquer l’exploitation de son travail et son argent pour financer, soutenir et promouvoir l’implantation de colonies et le génocide. Se battre contre les gouvernements et les tenir responsables pour leurs relations militaires, diplomatiques, économiques et politiques avec et le soutien à Israel ;
- exprimer sa colère et sa douleur en tant que force de changement : ensemble nous dirigeons notre rage et deuil vers un monde sans sionisme et sans toutes les autres formes d’oppression ;
- imaginer un monde radicalement différent et mettre en pratique cet imaginaire en s’organisant, pour se battre contre les systèmes actuels et pour construire le futur à partir du présent.

Se rappeler toujours : honorer celleux qu’on a perdu, et rester ferme dans la résistance par tous les moyens possibles.

PS :

Texte original : https://queersinpalestine.noblogs.org/post/2024/10/05/from-palestine-to-the-world-october-2024/

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