Une précédente traduction de ce texte a déjà été publié le 19 mars.
Le 7 février 2019, se déclenchait l’opération Scintilla à Turin. L’enquête du parquet se centrait autour de la lutte contre les centres de rétention pour migrants, vivante dans la ville comme ailleurs, à l’intérieur et à l’extérieur de ces structures. Le centre du Corso Brunelleschi à Turin a en effet été endommagé et dévasté à plusieurs reprises par les détenus lors de nombreuses révoltes qui ont marqué son histoire, tandis qu’à l’extérieur il y a toujours eu la tentative de soutenir la rage des révoltés, mettant en lumière le rôle de ces lieux dans les mécanismes d’exploitation et d’exclusion. Six compagnonnes et compagnons sont arrêté-e-s pour association subversive tandis qu’une septième, Carla ne sera retrouvée que plus tard après une longue période de cavale d’une durée de plus d’un an et demi. Les faits à la base de l’association subversive comprennent des incendies contre les distributeurs automatiques de billets de la poste italienne et des colis piégés destinés à des entreprises liées au fonctionnement des centres de retention, dont les adresses étaient recensées dans la brochure « I CIEli bruciano ».
Retour sur l’opération Scintilla et ses suites
Après presque deux ans, le parquet de Turin en la figure du procureur Pedrotta a décidé de déclarer l’enquête close. 18 suspects feront face à la justice lors de l’audience préliminaire. Les faits allégués augmentent et se diversifient, allant de l’outrage à l’incendie en passant par des souillures et des coups et blessures. Bien évidemment, sont reconfirmés tant l’incitation à commettre crimes et délits que l’article 270 ( association subversive) à l’encontre de 16 personnes. Parmi les délits spécifiques de l’association, apparaît désormais celui des dommages par moyens incendiaires du CIE Corso Brunelleschi, en complicité avec certains détenus. Il nous parait évident que le parquet devait un peu remanier ses cartes pour donner un nouveau style au délit d’association puisque le schéma accusatoire qui a conduit aux arrestations en 2019 avait déjà été discrédité par l’audience de réexamen et la cassation qui l’a suivie. C’est peut-être pour cette raison qu’aujourd’hui le nombre d’accusés a augmenté, incluant d’autres compagnon-ne-s parmi celles et ceux qui ont animé les luttes de ces dernières années à Turin. Un compagnon est ainsi ajouté à la liste après avoir été arrêté à l’automne 2019 pour un fait qui faisait partie du dossier de Scintilla alors même qu’au moment de son arrestation, la procédure pénale ouverte à son encontre était différente. Apparaît également le nom de Natascia, incarcérée pour l’opération Prometeo et maintenant accusée sans mesures de justice pour 270 de Scintilla.
On suppose que l’audience préliminaire sera fixée vers le début de l’été. La bureaucratie va maintenant suivre son cours et les dossiers passeront des mains du juge d’instruction préliminaire à celles du GUP [1]. Il convient de rappeler que Carla est toujours détenue en haute sécurité de la prison de Vigevano depuis désormais sept mois, tandis qu’une autre compagnonne est toujours interdite du territoire de Turin depuis plus d’un an. Nous verrons quelles ampleur ce procès prendra à partir des décisions qui seront prises lors de l’audience préliminaire, en attendant nous profitons de l’occasion pour envoyer une chaleureuse pensée solidaire à celles et ceux qui restent enfermé-e-s.