La municipalité de Marseille lance son plan anti-kebab en centre-ville

La municipalité de Marseille veut que le nombre de snacks, de magasins de téléphonie ou de bazars diminue dans le centre-ville. Pour privilégier les boutiques haut de gamme, elle a instauré ce lundi en conseil municipal un droit de préemption sur les baux commerciaux...

Le projet avait été annoncé en février dernier. La municipalité de Marseille veut que le nombre de snacks, de magasins de téléphonie ou de bazars diminue dans le centre-ville. Pour privilégier les boutiques haut de gamme, elle a instauré ce lundi en conseil municipal un droit de préemption sur les baux commerciaux, rapporte La Marseillaise.

Plus besoin d’expulser les habitants et commerçants, au fil des années, l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine a mis au point une stratégie de gentrification qui permet de virer les pauvres sans que cela ne soit trop visible : le droit de péremption. La ville va ainsi préempter les fonds de commerce vacants, très nombreux dans cette zone. Et attendre que l’augmentation du prix du foncier lié à la rénovation urbaine du centre ville, fasse le reste du travail, en forçant les commerces existants qui ne sont pas haut standing, à mettre la clef sous la porte. Une fois qu’elle aura repris les baux, Marseille pourra ainsi installer les commerçants de son choix.

Rappelons que ce n’est pas la première fois que la mairie de Marseille a recours a son droit de préemption total pour appuyer une opération de gentrification. Lors de la phase "Euromed 2", la face nord de Marseille (2eme, 3eme, 14eme et 15eme) avait été entièrement "intégrée" à une "Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat" (OPAH), financée par l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine (ANRU). Sous couvert de cette opération décidée au niveau national et financée par les pouvoirs public, la mairie de Marseille (soutenue par l’état) avait pu définir les 2eme, 3eme, 14eme, et 15eme arrondissements comme "Zones d’Aménagement Différée".

Dans ces quartiers, le cadre d’aménagement urbain avait d’abord entrainé une hausse globale du prix du foncier, forçant les petits propriétaires ne pouvant plus assumer les taxes foncières (c’est à dire quasi Tous les proprios du quartier) à vendre leurs biens... à la mairie ! Puisque, dans le cadre de ces opérations de rénovation urbaine, la mairie peut exercer un droit de péremption totale sur tout le foncier, fixer ensuite le prix de revente du foncier et surtout décider à qui elle revend.

Ce schéma classique de gentrification appuyé par la rénovation urbaine permet un renouvellement efficace de la population : éradiquer l’habitat et surtout l’habitant "indigne" (dixit le verbiage de la mairie), c’est à dire le pauvre, pour toujours plus de profits. Car pour nos chers technocrates bourgeois euromerdiens, dans les quartiers nords comme au centre ville, y’a pas photo : mieux vaut un bobo artisant ambiance "plus belle la vie" dans mon atelier d’artiste, mon pôle cirque ou mon marché des 5 saisons, qu’un garagiste, un snack, un destok tout ou un vendeur de kebab, qui viendrait rappeler aux touristes que Marseille n’est pas un sitcom.

« On assume ne plus vouloir certains types de commerces comme les snacks et les magasins de téléphonie pour privilégier les commerces de bouche de qualité ou les artisans », explique à La Marseillaise le patron de la majorité LR Yves Moraine. Sont particulièrement visés les bazars, les magasins de déstockage ou les snacks « type chiches-kebabs », pour reprendre l’expression de l’adjointe au commerce Solange Biaggi.

Rappelons enfin qu’... Avouons qu’on a de quoi s’interroger et s’énerver, quand on sait que le parc de logements sociaux est bien inférieur à la demande sur Marseille, que son état de délabrement est particulièrement avancé, que foyers d’urgence pour adultes étrangers mais aussi pour mineurs à la rue sont en deça de la demande et que la mairie n’a pas l’intention de faire un effort pour loger convenablement sa population, alors qu’elle s’apprête à investir la modique somme de 1,5 million d’euros dans cette nouvelle opération de gentrification du centre ville...

PS :

Pour mieux comprendre le rôle de l’amménagement urbain dans la ville de Marseille, un lien vers un faux journal du CIQ paru en 2013 : http://basseintensite.internetdown....

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