Afin de subvenir aux besoins et attirer encore plus nombreux touristes et croisiéristes, Marseille s’est dotée d’un parc immobilier de prestige : pas moins de 22 hôtels 4 ou 5 étoiles figurent déjà au palmarès de notre bonne ville. À quoi rajouter une trentaine d’établissements classés 3 étoiles...
Une idée des tarifs ? De 199 à 529 euros pour le C2 Préfecture... les prix variants à la hausse, petits déj. non compris. De 168 (vue sur l’arrière) à 856 euros pour la « Prestige suite harbour view » à l’Intercontinal (ancien Hôtel-Dieu), où, selon un client « ça fait du bien de trouver un vrai hôtel de luxe à Marseille ». Pour le Radisson Blu, (Vieux-Port) quelques fausses notes tout de même, car « il manquait des coton-tiges dans la salle de bains... » et « ils pourraient mettre du fromage blanc allégé au petit déjeuner... ».
Le « dynamisme économique » de la Ville, entièrement tournée vers les investisseurs et une clientèle de riches dont il faut bien pourvoir au besoin essentiel de se loger décemment... ne connaît aucune limite. Il faut bien accueillir cette clientèle si convoitée, et bien ! Certains élus et directeurs d’hôtels ont même réclamé des plages privées pour combler d’aise ces VIP qu’il faut séduire à tout prix. La réalité pourtant c’est que l’hôtellerie de luxe à Marseille est en surcapacité avec un taux d’occupation des chambres, de l’ordre de 60%, en baisse depuis 2008 de 10%.
Mais Marseille doit briller de mille et mille étoiles pour attirer et satisfaire davantage les besoins de cette clientèle dorée ! La vitrine se doit d’être de plus en plus alléchante ! L’ancien Grand Hôtel Noailles hébergeant dorénavant un cheptel entier de gardiens de l’ordre manquait un établissement de prestige sur La Canebière : à l’îlot Feuillant, au bord du quartier Noailles, des travaux ont débuté pour
la construction d’un futur 5 étoiles... Au parc Valmer, sur la Corniche, une lutte est en cours pour contrer la ville de Marseille qui a lancé un appel à projets afin de privatiser une partie boisée de l’espace public pour en faire un parking et transformer la bastide en... hôtel de luxe. « Un projet qui ne fait pas l’unanimité des Marseillais », selon un euphémisme plutôt en vigueur ces derniers temps.
L’envers du décor...
Dans les hôtels de luxe, les femmes de chambre se démènent pour 700 à 900 euros par mois, heures supplémentaires la plupart du temps non payées. Travail harassant, fiches de paye à trous, exposition aux substances toxiques des produits de nettoyage, brimades, autoritarisme sous le règne de « gouvernantes »... Pour les « invisibles » de la clientèle des palaces marseillais, faire la grève, c’est pas du luxe. Depuis plus d’un an, 6 conflits sociaux ont opposé travailleuses et directions des grands groupes hôteliers. Pour une augmentation de salaire, pour que le temps travaillé corresponde au temps payé, pour des primes au panier, pour le respect des tâches prévues au contrat... Le courage et la détermination des femmes de chambre, bien souvent isolées et précarisées, a fait boule de neige. Toutes les revendications ont dû être acceptées car on ne doit pas voir apparaître l’envers du décor.