Retour sur l’inculpation de Kevin Vacher : dissuader les délogé.es et mal-logé.es de relever la tête ?

L’inculpation d’un militant du 5 novembre suite à l’occupation de Marseille Habitat (MH) avec les expulsé.es du 36 rue Curiol est révélatrice de la réaction des autorités dès lors qu’un collectif s’engage dans la confrontation après l’échec des négociations. Ceci alors que les mobilisations autour du logement s’intensifient, de Maison Blanche à la Porte d’Aix, de Noailles à St Just.

« L’affaire Vacher » peut se comprendre si on observe une nouveauté dans la réaction face à la machine à déloger / mettre en péril enclenchée depuis l’hiver dernier à Marseille : tant que les délogé.es en colère étaient occupé.es à plancher sur une charte du relogement, pendant six mois, les samedis après-midi, à la même heure que les manif gilets jaunes, et à négocier avec Fructus, Ruas et compagnie, pourtant fossoyeurs de Noailles, ça allait bien.

Par contre, on note depuis cet été une exaspération grandissante face à des expulsions de plus plus brutales à grand renfort de policiers, de moins en moins "justifiées", avec des expertises et des experts douteux, avec des méthodes allant jusqu’à la destruction des appartements pour éviter tout droit au retour, avec des refus de relogement malgré les promesses. Ainsi, fait nouveau, on a assisté à plusieurs mobilisations d’habitant.es délogé.es : fin juillet c’est la manifestation Porte d’Aix par organisée par les délogés du 6 boulevard des Dames (place Jules Guesde, voir photo ci-dessus), début septembre c’est la Marche de Maison Blanche, partie du quartier et qui rejoindra les gilets jaunes au Vieux-Port (ce qui marquera les esprits), enfin il y eu l’occupation de Marseille Habitat (MH) avec les expulsé.es du 36 rue Curiol, une action directe qui sera à l’origine de l’inculpation du militant du Collectif 5 novembre, Kevin Vacher et de la convocation de plusieurs autres.

Destruction des équipements du 36 rue Curiol par des employés de Marseille Habitat après son évacuation

Si on ajoute à ces premiers signes d’auto-organisation et de contestation par les concerné.es eux-mêmes la magnifique occupation du 59 St Just (230 personnes issues de la rue qui réquisitionnent une immense bastide vide en plein Marseille) et, dans une moindre mesure, l’ouverture de la Maison du peuple qui abrite notamment des délogé.es en occupant un Pôle emploi vide appartenant à une des plus puissantes SCI locale liée à tous les projets de spéculation urbaine, on sent frémir quelque chose. Et visiblement on n’est pas les seul.es !

Manifestation du 7 septembre pour Maison Blanche

Aussi, le coup de pression sur le collectif du 5 novembre pourrait être un signal envoyé par les autorités à des militant.es qui avaient jusqu’ici privilégié une posture de médiation pour tenter de faire respecter l’accès aux droits des délogé.es, sans confrontation et surtout sans action ni manifestation le temps des négociations sur la Charte. Cette approche pacificatrice et humanitaire, à la recherche de solutions en mode gestion de crise, a amené beaucoup de marseillais à rengainer leur colère, mais visiblement pas à l’apaiser.

En tout cas, dès que le collectif 5 novembre est sorti du “droit chemin” qui le positionnait plutôt comme un partenaire de gestion de crise, la sanction est tombée directe : « le délogement ne doit pas être l’affaire des délogé.es eux-mêmes, avec l’occupation de MH vous avez fait une grave erreur, procès en janvier comme ça vous vous tiendrez à carreaux tout l’hiver ».

Le sort réservé aux délogé.es et mal-logé.es, piétiné.es à grand coup de flicaille, avec plus aucune trace de services sociaux (expulsions des campements de Bougainville la semaine passée par exemple) montre à quel point les autorités qu’elles soient municipales ou préfectorales s’assoient sur les droits des habitant.es de notre ville.

Rendez-vous aux côtés des délogé.es dans l’action.

Et on se retrouve samedi 9 novembre pour la marche d’un triste anniversaire, pour le logement et la vie.

Relaxe pour les militant.es du C5N.

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