S’entraider, pas s’entre-tuer

Des militants renversés par des automobilistes lors des blocages du 26.05.16.

La solidarité n’est pas un mot, elle se situe dans les actes ; ou elle sera un souvenir et, qu’on le veuille ou non, c’est tous ensemble que nous coulerons.

27.05.16

Hier, partout en France, de nombreux blocages ont eu lieu.
Devant la surdité du gouvernement, une journée comme hier ne suffit toujours pas à se faire entendre. L’action doit être constante et se rendre visible, encore.

Hier, des évènements dramatiques ont eu lieu, des évènements qui symbolisent l’état de tension dans lequel nous nous trouvons. A Fos-sur-Mer, à Vitrolles et à Cherbourg, deux automobilistes et un camionneur ont dépassé la limite de l’entendement en fonçant sur des militants qui bloquaient des points stratégiques de l’économie. Il y a un mort, deux blessés graves (dont un dans le coma) et deux blessés légers. Je suis choquée et les mots me manquent.
Un autre blocage a été levé par des employés prêts à frapper des grévistes et militants à Marseille.

Où en sommes-nous pour en arriver là ?

La violence d’Etat, miroir de la violence économique, s’appuie sur une propagande médiatique s’acharnant contre les opposants à la loi travail. Ils n’ont de cesse de diviser les civils entre eux, les montants les uns contre les autres. Ceci n’est pas nouveau et les amalgames grandissent, nourris par l’incompréhension, la haine, et une précarisation généralisée.
Ainsi des citoyens agressent d’autres citoyens… Ceux-là même qui luttent et se mobilisent pour défendre ce qu’il nous reste de droit. Ce qu’il reste de dignité humaine. Ceux qui se battent pour un avenir décent sont nommés « casseurs » lorsqu’ils se dressent contre l’effective casse, non pas seulement de nos droits à tous, mais de nos vies elles-mêmes.

Pourtant, des travailleurs se transforment en milice d’une économie dictatoriale : prêts à frapper et tuer pour travailler…

En jouant le jeu de la division, en relayant la xénophobie et l’intolérance, en individualisant et en précarisant volontairement, c’est une guerre insidieuse qui a déjà commencé. Ce jeu mène déjà à des drames quotidiens : des morts, des suicides, des milliards de vies brisées dans la plus grande indifférence. Et ce n’est que le début…
Sachez que cette réalité est en marche à travers le monde et n’épargnera personne, pas même l’Occident.

En France, la loi travail, les 800 millions d’euros d’économie sur le dos des chômeurs et la loi TAFTA sont des bascules décisives d’un monde imposé et rêvé par 1% d’entre nous. Cette jungle libérale pousse et poussera chacun d’entre nous dans les retranchements de la misère (humaine, économique, culturelle, sociale…). Ce n’est qu’ensemble et dès maintenant que nous devons/pouvons y opposer notre résistance.

A défendre le dernier bout de branche sur lequel je suis posée, c’est la forêt entière qui a été rasée.
Il n’est plus temps d’être simples spectateurs de cette catastrophe.

La solidarité n’est pas un mot, elle se situe dans les actes ; ou elle sera un souvenir et, qu’on le veuille ou non, c’est tous ensemble que nous coulerons.

Toutes mes pensées vont aux militants morts, blessés, arrêtés.
Tout mon soutien va à cette lutte qui est très loin d’être gagnée. Une lutte pour des droits, pour la solidarité, pour la justice et l’égalité : une vie dont nous ne soyons pas esclaves.

S’ENTRAIDER PAS S’ENTRE-TUER.

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