À Bordeaux, le nouveau maire vert veut embaucher plus de flics, comme à Marseille, où Michèle Rubirola promet 70 policiers municipaux en plus chaque année pendant toute la durée du mandat – tout en réclamant plus de nationaux. Le Printemps marseillais a développé dans son programme une analyse détaillée des enjeux de prévention et de sécurité, mais les engagements pris sont timides : il est notamment question d’« interroger la viabilité de la course aux armements », jugés inadaptés aux missions de prévention que les flics municipaux sont censés assurer, et de « mettre en œuvre un moratoire sur les dispositifs de vidéosurveillance », alors que le nombre de caméras est passé sous la droite de 108 en 2012 à environ 1 800 en 2020. Ni désarmement, ni démantèlement en perspective.
Dans la victoire de quelques listes estampillées Europe Écologie-Les Verts (EELV) aux élections municipales, la presse nationale s’est empressée de voir une « vague verte » qui marquerait un tournant historique. Et mi-août, à la veille des journées d’été des écologistes organisées à Pantin (Seine-Saint-Denis), de nombreux médias ont envoyé leurs journalistes se balader à Tours, Lyon, Bordeaux ou Strasbourg pour voir comment ces nouveaux maires tentaient d’« imprimer leur marque » [1]. De quelques actes symboliques (un buffet végétarien le jour de l’installation de la nouvelle maire de Strasbourg, des vélos en libre-service dans l’entrée de l’hôtel de ville de Bordeaux, une nouvelle piste cyclable dans le centre-ville de Tours), certains journaux se sont empressés de conclure que « la donne politique [avait] changé » [2].
Celles et ceux qui ne voient pas plus loin que le guidon de leur vélo fantasmeront sans doute la portée de ces nouveaux aménagements ; on est pourtant loin d’assister à une rupture radicale en matière de gestion municipale. Constat particulièrement prégnant dans le domaine de la sécurité, où les grandes déclarations de principe d’EELV s’effacent pour laisser la place à un discours et des pratiques qui n’ont rien à envier à la droite. Au nom du pragmatisme, les élus verts donnent des gages aux amateurs d’uniformes, qu’il s’agisse de vidéosurveillance, d’armement ou d’effectifs policiers.