Quelques paroles libres - entretien avec un assigné.

Paroles libres entre les cloisons de mon assignation à résidence.
Envie de partager, de dire les mots qui me cognent dans la tête.
Paroles sans visage, pour une pensée sans obstacles.

Je suis coupable, certainement. Je refuse en tout cas d’être innocent.
Parce que dans leur société, être innocent, c’est être d’accord avec elles/eux.

JE, c’est nous, parce que dans mon monde on est plusieurs. Dans le leur il/elles sont seul-e-s.
Je ne porte la parole de personne, mais je m’exprime avec celles et ceux qui partagent ma colère contre le monde. Avec celles et ceux qui portent des masques mais ne se cachent pas.

M’assigner, c’est tenter d’enfermer mon esprit dans une cage de peur.
Mais il/elles ignorent qu’à défaut de me faire peur, il/elles ont renforcé ma détermination.
Parler pour nous faire entendre, prendre le risque de dire des choses maladroites pour contrer leur logique du non-dit. Il/elles font du bruit pour mieux que nos têtes soient avides de silence.

Mais nous, même nos silences ont quelque chose à dire.

J’ai commis cette vidéo avec une amie vidéaste. Une amie qui fabrique du sens avec des bouts d’images et de sons. Pas parce que j’ai une stratégie, mais parce que j’en avais besoin et envie à la fois.
Pour que tout le monde entende ce que tou-te-s les "nous" qui me constituent ont à dire.
Les nous qui me constituent, ce sont tou-te-s celles et ceux qui rêvent et croient, qui luttent pour la liberté, mes ami-e-s et compagnon-ne-s.

Nous devons trouver des manières de dire nos émotions, pour ne pas laisser au pouvoir le loisir de nous en dicter des factices. Leurs émotions sont feintes. Les bougies de la place de la république portaient le deuil de la république, pas le deuil de celles et ceux qui sont mort-e-s dans les attaques du 13 novembre. Les proches des victimes ont su trouver le bon endroit pour leur porter fleurs et bougies, aux endroits mêmes où la folie du monde les a tué. Pas sur la place de la République où l’Etat a organisé sa foire aux émotions télégéniques...

Guerre des symboles, guerre des mots. Plus personne ne sait à quoi se fier.

Par cette vidéo j’ai juste voulu apporter un peu de ma vision des choses.
Rien de grave, mais rien d’innocent non plus.
Les coupables, de toute façon, sauront se reconnaître.

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